Et c’est le scénario le plus optimiste de réchauffement ! selon des chercheurs de l'université ETH Zurick. Demain, en 2050, Paris aura chaud ! Le climat de la capitale et en Île-de-France, ressemblera à celui de Canberra, le climat de Londres à celui de Madrid aujourd'hui, et à Stockholm, ce sera comme à Budapest.


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    Le climat de 520 grandes villes du monde a été étudié, selon 19 variables dont la température et les précipitations. Pour ces estimations, les scientifiques de l'université ETH Zurich ont utilisé des modèles volontairement optimistes, la fourchette basse qui suppose que les émissions de dioxyde de carbone se stabiliseront d'ici le milieu du siècle, de façon à limiter la hausse de la température moyenne du globe à 1,4 °C par rapport à la période pré-industrielle -- le monde en est à environ +1 °C. Les chercheurs ont ensuite comparé les villes du futur, Paris, Londres, Stockholm... aux villes actuelles, dans le but de rendre plus tangibles les changements à venir.

    D'après leur analyse, en 2050, le climat à Londres ressemblera à celui de Madrid aujourd'hui. Stockholm sera comme Budapest, et Paris comme Canberra, selon cette étude publiée mercredi par la revue scientifique Plos One et qui se repose sur le scénario le plus optimiste de réchauffement. Les changements seront encore plus radicaux pour les régions tropicales, où les grandes villes Kuala Lumpur, Jakarta et Singapour subiront de plus en plus d'événements météorologiques extrêmes.

    Impact du réchauffement climatique sur les villes en 2050. © Alain Bommenel, AFP
    Impact du réchauffement climatique sur les villes en 2050. © Alain Bommenel, AFP

    Trois quart des villes connaîtront un changement « frappant »

    Le résultat est, une fois de plus, alarmant. Les villes de l'hémisphère nord ressembleront en 2050, en ce qui concerne le climat, à celles d'aujourd'hui qui se trouvent 1.000 km au sud. Celles qui se trouvent à l'équateur ne subiront pas de réchauffement majeur, mais en revanche, elles auront plus de sécheressessécheresses et de pluies.

    Les auteurs de l'étude concluent que 77 % des villes de la planète verront leur climat changer de façon « frappante », tandis que le reste sera confronté à des conditions « nouvelles ». L'Europe aura des étés et des hivershivers plus chauds de 3,5 °C et 4,7 °C, respectivement, en moyenne.

    « L'objectif de l'article est de faire comprendre à tout le monde les conséquences du changement climatique », dit à l'AFP, l'un des auteurs de nationalité belge, Jean-François Bastin, qui estime ne pas être certain qu'en 2060 son pays voie encore le mercuremercure passer sous zéro : une condition nécessaire à l'activation des semences de bléblé.


    Le bulletin météo de 2050 : il fera vraiment chaud demain !

    Article de Jean-Luc GoudetJean-Luc Goudet, paru le 5 décembre 2014

    À l'occasion de la COP 20, la conférence sur le climat qui s'est tenue à Lima en décembre 2014, l'Organisation météorologique mondiale avait réalisé des faux bulletins météométéo pour différents pays dont la France, avec la complicité des chaînes télévisées et de leurs présentateurs. Une manière de faire entrer dans le concret les effets du changement climatiquechangement climatique en cours.

    Lorsqu'elle parle du forçage anthropique, Évelyne Dhéliat, de TF1, évoque maladroitement « les » CO2 mais peu importe : son message passe très bien. Au Canada, c'est Patrick de Bellefeuille, présentateur de MétéoMédia qui égrène les conséquences de l'élévation des températures et du niveau de l'océan, avant d'annoncer une caniculecanicule au centre et un ouraganouragan à l'est.

    Ces bulletins météo fictifs sont l'œuvre de l'OMM (Organisation météorologique mondiale) qui les a publiés sur YouTubeYouTube à l'occasion du sommet international sur le climat qui se tient depuis lundi premier décembre à Lima, au Pérou, jusqu'à la fin de la semaine prochaine. C'est la « COP 20 », Conference of the parties, de la CCNUCC (Convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique), vingtième du nom depuis la création de cette convention à Rio en 1992. Ces conférences sont couplées avec les réunions des signataires du protocole de Kyoto, les « Convention des parties », ou CMPCMP (Conference of the Parties serving as the meeting of the Parties to the Kyoto Protocol). Lima accueille la CMP 10.

    Patrick de Bellefeuille présente le bulletin météo pour demain, 30 août 2050, valable pour l'ensemble du Canada. Il rappelle qu'aux îles de la Madeleine la pollution des nappes phréatiques par l'eau de mer, à cause de la hausse du niveau de l'océan, contraint les habitants à fuir. © WMO
    Patrick de Bellefeuille présente le bulletin météo pour demain, 30 août 2050, valable pour l'ensemble du Canada. Il rappelle qu'aux îles de la Madeleine la pollution des nappes phréatiques par l'eau de mer, à cause de la hausse du niveau de l'océan, contraint les habitants à fuir. © WMO

    Des actions pour le climat sont bien là

    Après avoir touché le fond en 2009 à Copenhague, les COP ont permis quelques avancées et prises de conscience. Le « fonds vert », entériné à Cancùn, en 2010 et destiné à aider les pays pauvres à réduire leurs émissionsémissions de gaz à effet de serregaz à effet de serre, a commencé à se remplir. Avec dix milliards de dollars déjà donnés par 21 pays, alors que ce fonds est dimensionné à 100 milliards d'ici à 2020, le réservoir est loin d'être rempli mais il n'est plus vide... De quoi espérer des progrès à Lima, puis à Paris en 2015 et à Dakar en 2016.

    La grande surprise de l'année vint de la Chine et des États-Unis, les deux plus grands émetteurs de gaz à effet de serre, non signataires du protocole de Kyotoprotocole de Kyoto et réticents à s'imposer des limites. En novembre dernier, ces deux pays ont annoncé une diminution de leurs émissions de gaz à effet de serre, la Chine promettant un pic autour de 2030, voire plus tôt, et les États-Unis prévoyant une baisse de 26 à 28 % en 2025 par rapport à 2005. Ces contraintes sont bien en deçà de celles du protocole de Kyoto et des efforts négociés dans le cadre des COP mais, s'agissant des plus gros producteurs de CO2 de la planète (42 % du total mondial à eux deux), l'effet ne devrait pas être négligeable.

    Comme le rappelle l'OMM, si l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre se poursuit, il faut s'attendre à une élévation de la température moyenne de 4 °C à la fin de ce siècle, ce qui induira des changements importants dans la machine climatique. Les bulletins météo risquent donc d'être significativement différents de ceux d'aujourd'hui...