Il ne fera pas chaud en 2008 ! L'OMM a trouvé le coupable : c'est la Niña, un phénomène climatique aux effets souvent inverses à ceux de son grand frère, El Niño.

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    Les effets mondiaux de la Niña. Crédit : NOAA

    Les effets mondiaux de la Niña. Crédit : NOAA

    La Niña et El Niño, les deux enfants terribles du climat mondial, ne sont pas vraiment apparentés, contrairement à ce que laissent penser leurs patronymes (niña et niño signifient respectivement, en espagnol, fillette et garçonnet, et el Niñoel Niño veut dire enfant Jésus). Seulement un tiers de ces événements semblent corrélés dans le temps.

    La NiñaLa Niña apparaît en moyenne tous les 4 à 5 ans et dure généralement 1 à 2 ans. Elle est liée à un renforcement des vents alizés dans l'océan Pacifique ouest qui déplacent les eaux chaudes de surface en direction du continent asiatique, provoquant par réaction une remontée d'eau froide des profondeurs vers la surface. Souvent, il s'agit d'une réaction de l'atmosphère à un effet El Niño, afin de revenir à un état d'équilibre, mais pas toujours. Le XXème siècle a ainsi connu 17 épisodes significatifs de Niña, contre 25 El Niño.

    Si les anomaliesanomalies climatiques liées à la Niña sont moins évidentes que celles induites par El Niño, elles se montrent généralement inverses. Les répercussions se ressentent surtout dans le bassin Pacifique, avec une augmentation des typhons dans le Pacifique ouest, mais aussi une recrudescence d'ouragans sur l'Atlantique, de la sécheressesécheresse en Amérique du Sud et des vaguesvagues de froid en Amérique du Nord.

    Le phénomène est toutefois nettement affaibli lorsqu'il arrive en Europe via l'Alaska et les Caraïbes, mais l'Office météorologique britannique lui impute cependant l'hiverhiver exceptionnellement doux et pluvieux qu'a connu la Grande-Bretagne en 2007-2008.

    L’inquiétude des météorologues

    L'épisode la Niña que nous observons actuellement a débuté en juin 2007. Il est à la source des terribles inondationsinondations qui ont frappé l'Afrique au cours de l'automneautomne dernier, mais aussi des pluies torrentielles qui ont ravagé une partie de l'Australie et du temps anormalement froid d'une partie de la Chine. Mais alors qu'il est rare que le phénomène dure plus d'un an ou deux, comme cela a été le cas de 2000 à 2002, Michel Jarraud, le secrétaire général de l'OMM (Organisation météorologique mondiale), estime qu'il pourrait se prolonger durant tout l'été 2008. Car la Niña actuelle est l'une des plus violentes que nous ayons connues, la température de surface des eaux du Pacifique ayant chuté de 1,5 à 2°C en moyenne par rapport aux normales saisonnières.

    Peut-on établir un lien entre la Niña et le réchauffement climatiqueréchauffement climatique ? Michel Jarraud ne le pense pas, et affirme que le refroidissement passager que pourraient connaître certaines régions ne remet absolument pas en cause le réchauffement qui est une évidence depuis 1998. « Quand on parle du changement climatique, il convient non pas de regarder une année précise, mais des tendances lourdes sur une assez longue période », insiste-t-il.

    En attendant, les prévisions de MétéoMétéo France prévoient un printemps plus chaud que les moyennes saisonnières pour avril [cet article est écrit sous la neige, NDLRNDLR], mai et juin, tandis que les météorologuesmétéorologues britanniques restent convaincus que le prochain épisode El Niño entraînera un nouvel été caniculaire avec records de température dans les cinq années à venir.