Les preuves montrant que les gisements de méthane sous forme de clathrates en Arctique sont en train de se déstabiliser se multiplient. Une récente campagne océanographique a découvert pas moins de 250 suintements de méthane dans cette région du globe. La menace d’une accélération brutale du réchauffement climatique se précise donc.

au sommaire


    Sur cette image prise avec un sonar, on voit clairement les panaches de bulles de méthane remontant vers la surface. Ces derniers ont été échantillonnés avec des bouteilles de prélèvements. Crédit : National Oceanography Centre, University of Southampton

    Sur cette image prise avec un sonar, on voit clairement les panaches de bulles de méthane remontant vers la surface. Ces derniers ont été échantillonnés avec des bouteilles de prélèvements. Crédit : National Oceanography Centre, University of Southampton

    Cela fait des dizaines d'années que les géologuesgéologues et les océanographes savent qu'il existe en bordure des continents de gigantesques zones où s'accumulent des clathratesclathrates. Il s'agit de glaces contenant, en plus de l'eau habituelle, des quantités non négligeables de méthane. Ce dernier est un puissant gaz à effet de serre puisqu'un seul kilogrammekilogramme de CH4 équivaut à 25 kilogrammes de CO2 dans l'atmosphère.

    Or, si le méthane piégé dans les clathrates est stable dans des conditions de température et de pressionpression données, il suffit que les océans se réchauffent un peu pour qu'il se libère. On comprend aisément, vu le pouvoir d'amplification de l'effet de serre du méthane, que le processus pourrait s'emballer avec libération de plus en plus massive de ce gaz, au fur et à mesure que la température de la planète augmenterait. Les prédictions les plus pessimistes du GIEC pourraient donc devenir non seulement une réalité mais être dépassées, en gravitégravité mais aussi du point de vue de la chronologie.

    Malheureusement, depuis quelques temps déjà, on a bel et bien détecté des suintements de méthane en Arctique et l'incertitude règne quant à savoir si ces derniers étaient déjà présents il y a des dizaines d'années ou pas et sur l'impact du phénomène sur le climat. En effet, une bonne partie de ce méthane se dissout dans l'eau de mer et ne rentre donc pas massivement dans l'atmosphère. Il n'en reste pas moins qu'une évaluation et une surveillance du phénomène est nécessaire pour mieux en comprendre les implications sur le climat de notre planète à court terme.

    Dans le cadre des recherches sur cet important problème, des scientifiques du National Oceanography Centre Southampton, des Universités de Birmingham et de Royal Holloway (Londres) ont effectué une campagne océanographique en Arctique avec le RRS James Clark Ross. Avec leurs collègues allemands du IFM-Geomar, les océanographes britanniques ont découvert pas moins de 250 panaches de bulles de méthane s'élevant de la marge continentale du Spitzberg occidental.

    Les suintements de méthane détectés sont répartis dans des zones dont les profondeurs sont comprises entre 150 et 400 mètres. Il y a 30 ans, un courant arctique dans la région a commencé à ce réchauffer et aujourd'hui sa température a augmenté de 1°C, ce faisant, il accélère le taux de libération du méthane piégé dans les clathrates. Alors que ces derniers étaient parfaitement stables à une profondeur de 360 mètres il faut désormais descendre à 400 mètres pour retrouver une stabilité. Un article sur la découverte vient d'être publié dans Geophysical Research Letters.

    Espérons malgré tout que nous ne sommes pas en présence d'une véritable bombe à retardement climatique.