Un dérèglement de l'écologie d'une île isolée de l'Antarctique apporte l'évidence d'un réchauffement global selon des scientifiques.

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    l'île de Signy, Latitude 60°43' S, Longitude 45°36' W, South Orkney Islands. Crédit : British Antarctic Survey

    l'île de Signy, Latitude 60°43' S, Longitude 45°36' W, South Orkney Islands. Crédit : British Antarctic Survey

    Depuis près de 20 ans, l'organisation British Antarctic Survey (BAS) et une équipe de scientifiques canadiens étudient les variations de la nourriture des microbiens des lacs de l'île de Signy, en Antarctique. Une mission qui peut paraître saugrenue mais dont les résultats publiés cette semaine dans le journal Science laissent songeur.

    En effet, ces recherches ont permis de mettre en évidence une dégradation rapide du système écologique des lacs, après une augmentation de seulement 1° Celsius de la température ambiante, en vingt ans. Des résultats qui laissent penser que "l'Antarctique est un continent extrêmement sensible à la moindre variation climatique. Un signe donc que le milieu change rapidement", explique le professeur Lloyd Peck, du BAS.

    Une île vierge et solitaire

    Les lacs de Signy connaissent des périodes de gel et de dégel. Sur la période étudiée, les scientifiques ont pu mettre en évidence une perte de plus d'un mois de gel des eaux. Ce déclin permet aux eaux des lacs et aux sédiments d'absorber plus d'énergieénergie solaire. Une énergie qui aurait normalement du être réfléchie par la glace. Conséquence : les proportions de nutrimentsnutriments, d'algues et de phytoplanctons ont augmenté.

    Si les chercheurs ont choisi l'île de Signy, c'est parce que cette dernière est située à 700 kilomètres au nord de la PéninsulePéninsule Antarctique et que la majeure partie de l'île est recouverte de glace toute l'année. Mais surtout parce qu'en été, de grandes étendues de moussesmousses et d'herbes sont exposées, et l'île compte un nombre important de lacs et de mares. Un environnement isolé que les scientifiques considèrent non affecté par une pollution locale ou le réchauffement induit par des villes.

    " Parce qu'elle n'a pas été contaminée par l'homme ou l'animal - ce qui fait une grande différence avec la plupart des lacs dans le monde, cette île est comme un laboratoire unique où nous pouvons détecter les changements climatiqueschangements climatiques impossible à mettre en évidence dans des lacs contaminés" rajoute Lloyd Peck.

    Des résultats contradictoires?

    Il y a deux semaines pourtant, une autre équipe de chercheurs avaient démontré que la région de Dry Valleys en Antarctique avait subit un refroidissement de 0,7°C en vingt ans. Ces résultats, publiés dans le journal Nature , ne déstabilisent pas Lloyd Peck qui estime que l'opposition entre les deux études rappelle simplement qu'il existe des variations à l'échelle régionale dans le phénomène global de réchauffement planétaire. Une manière de dire que les études de Dry Valleys, situé à plus de 6400 kilomètres de l'île Signy, sont un phénomène régional ?

    Pour John Turner, météorologuemétéorologue à la BAS, " ces dernières décennies, on a pu établir une représentation complexe des variations de températures en Antarctique. Pendant que la Péninsule Antarctique enregistrait une des plus grandes augmentations de températures sur TerreTerre pendant les 50 dernières années, le Pôle Sud a connu un léger refroidissement. Malgré cela, ce que nous pouvons dire avec certitude, c'est que l'Antarctique est extrêmement sensible aux changements de l'environnement".

    Caroline Idoux