Difficile d’imaginer les Caraïbes sans noix de coco. Là-bas, les cocotiers sont emblématiques. Pourtant, à l’heure où se développent de nouveaux produits autour de ce fruit plein de bienfaits, sa culture est durement touchée par la maladie de la jaunisse létale des palmiers. Les centaines d’espèces différentes ne pourront peut-être pas toutes être sauvées de la disparition.

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    Alors que l'appétit pour les noix de coco ne cesse de croître dans le monde -- le prix de son huile a augmenté de 50 % en un an, Rihanna et Matthew McConaughey ont investi dans son eau, dont ils vantent les vertus, d'autres s'intéressent à celles de son lait, etc. --, les producteurs, tout particulièrement dans les Caraïbes, rencontrent de plus en plus de difficultés à répondre à la demande qui explose.

    En effet, les nombreuses petites fermes doivent faire face, d'une part aux tempêtes et sécheresses qui sévissent régulièrement et, d'autre part, à un mal conquérant et dévastateur : le jaunissement mortel du palmier (ou jaunissejaunisse létale des palmiers), propagé par des insectes. Ainsi, selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAOFAO), les plantations ont globalement diminué de 17 % dans cette région depuis 1994. Pour certains fermiers, la production s'est même réduite de 60 % durant ce laps de temps et il est souvent bien difficile pour eux de réinvestir, en contrepartie, dans de nouvelles plantations. De plus, cela n'affecte pas que les quantités des noix mais aussi leur qualité.

    Quelques exemples de noix de coco. <em>« La plupart des Européens qui voient cette photo pour la première fois ne reconnaissent pas le cocotier, car ils n’imaginent pas l’existence d’une telle diversité »,</em> indique le spécialiste de ce fruit, Roland Bourdeix. © R. Bourdeix

    Quelques exemples de noix de coco. « La plupart des Européens qui voient cette photo pour la première fois ne reconnaissent pas le cocotier, car ils n’imaginent pas l’existence d’une telle diversité », indique le spécialiste de ce fruit, Roland Bourdeix. © R. Bourdeix

    Conserver les graines des espèces menacées

    Sur le long terme, plusieurs acteurs de la filière sont inquiets, et pas seulement aux Caraïbes. Le problème majeur est la diversité des espècesespèces (voir quelques exemples dans l'illustration ci-dessus) en danger de disparition. La menace est bien réelle car il est très difficile de conserver les graines pour la postérité dans les grandes banques prévues à cet effet.

    Concrètement, les noix de coco sont elles-mêmes les semences et sont gorgées d'eau. Pour conserver les gènesgènes des différentes espèces de palmiers, le seul moyen est de garder des spécimens en vie, comme cela est fait au sein de cinq banques dans le monde. Malheureusement, elles aussi sont exposées à cette maladie du jaunissement ; d'ailleurs, deux d'entre elles sont déjà touchées. Il faudrait en ajouter d'autres mais cela demande beaucoup d'espace et donc d'argentargent... Sans oublier qu'il faut cinq ans pour qu'un palmier soit mature et que sa pollinisation par l'Homme pour garantir la diversité est laborieuse.

    Finalement, la solution pourrait venir de la cryogénisation des embryonsembryons. Pas plus gros que des grains de riz, ceux-ci pourraient permettre de perpétuer les espèces. Dans cet objectif, des chercheurs ont récemment réussi à les décongeler et à en tirer des plants. Toutefois, « si vous prenez 200 embryons, vous obtenez à la fin seulement 10 ou 20 noix de coco, explique Roland Bourdeix, spécialiste des noix de coco et généticiengénéticien au Cirad. Nous avons encore du travail à faire sur cette méthode ».