Alors que le changement climatique allonge les périodes dépourvues de glaces circumpolaires en Arctique, les ours polaires pourraient s'orienter vers des sources alimentaires terrestres comme le caribou, l'oie des neiges et leurs œufs : ces proies leur fourniraient assez de calories pour éviter la famine.

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    Trois ours polaires mâles adultes se nourrissent des restes d'un caribou mâle sur l'île Keyask de la péninsule de Cape Churchill, au Canada, au cours de l'été 2012. © Robert F. Rockwell

    Trois ours polaires mâles adultes se nourrissent des restes d'un caribou mâle sur l'île Keyask de la péninsule de Cape Churchill, au Canada, au cours de l'été 2012. © Robert F. Rockwell

    En Arctique, les ours polairesours polaires (Ursus maritimus) pourraient s'accommoder de séjours terrestres de plus en plus longs occasionnés par la fontefonte accélérée de la banquise. Privés sur des duréesdurées croissantes de proies marines tels les phoques, ces grands mammifères se rabattraient sur des animaux terrestres qui leur apporteraient suffisamment d'énergieénergie pour ne pas mourir de faim, démontre une étude publiée dans la revue PloS One.

    Les ours polaires sont connus pour être opportunistes. « L'analyse des fècesfèces des ours polaires et des observations de première main nous ont montré que les ours polaires [...] mangent déjà des plantes et des animaux au cours de la période sans glace », rapporte Robert Rockwell, chercheur au muséum américain d'Histoire naturelle de New York, aux États-Unis, et coauteur de l'article scientifique.

    Les chercheurs ont justement calculé l'énergie nécessaire aux ursidés pour compenser une augmentation de la famine et ont déterminé quelle pouvait être la valeur calorique des oies des neiges, de leurs œufs et des caribouscaribous qui vivent près de la côte de la baie d'Hudson occidentale, au Canada. Selon leurs estimations, l'apport énergétique potentiel de ces proies serait plus que suffisant pour nourrir les ours polaires durant les périodes estivales prolongées.

    Les œufs d'oies des neiges sont une autre source de nourriture occasionnelle des ours blancs, facile à obtenir et riche en apport énergétique. © Gilbert Bochenek, Wikimedia Commons, CC by-sa 3.0

    Les œufs d'oies des neiges sont une autre source de nourriture occasionnelle des ours blancs, facile à obtenir et riche en apport énergétique. © Gilbert Bochenek, Wikimedia Commons, CC by-sa 3.0

    La survie des ours blancs dépend aussi du comportement de leurs proies

    D'autres études montrent que des ours polaires chassent des caribous en dépensant la même dose d'énergie que celle employée pour capturer des phoques. Pour les auteurs de la présente étude, la taille similaire de ces animaux présage d'une fréquence de chasse équivalente. « Si les troupeaux de caribous continuent de se nourrir près de la côte occidentale de la baie d'Hudson alors que les ours s'y rendent plus tôt chaque année, ils sont susceptibles de devenir un élément essentiel de l'alimentation des ours en été », juge Robert Rockwell.

    Ces résultats remettent en question l'hypothèse antérieure selon laquelle les ours blancs seraient condamnés à disparaître vers 2068, date où la saisonsaison des glaces circumpolaires aura été réduite de moitié. Néanmoins, modèrent les chercheurs, les tactiques de chasse utilisées, les taux de réussite ainsi que le comportement et l'abondance de chaque proie détermineront les valeurs énergétiques absorbées réellement par les ours polaires. En outre, le changement climatiquechangement climatique pourra provoquer un décalage saisonnier entre la présence des ours polaires et leurs proies.