Une nouvelle espèce de dauphins a été identifiée au large de l’Australie. Si elle n’a pas encore de nom, elle appartient au genre Sousa, ces dauphins bossus si méconnus du grand public. Ils sont rares et dangereusement menacés, mieux les connaître permettra donc de les protéger plus efficacement.

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    Les dauphins à bosse comptent parmi les cétacés les plus méconnus. Actuellement, les autorités ne reconnaissent que deux groupes du genre Sousa. L'un se trouve uniquement en Atlantique et n'est doté que d'une seule espèce. L'autre se trouve dans l'Indopacifique et ne comprend que deux espèces. Mais la taxonomietaxonomie des Sousa est au centre de controverses, certains ont même été jusqu'à dire qu'il existait cinq espèces distinctes. Si aujourd'hui seules trois espèces sont reconnues, une équipe internationale en a identifié récemment une quatrième et scinde en deux le groupe de l'Indopacifique.

    L'espèce fraîchement identifiée vit au nord des côtes australiennes. L'équipe de recherche, coordonnée par la Wildlife Conservation Society, rapporte dans la revue Molecular Ecology que d'un point de vue morphologique, cette espèce ne diffère pas tellement des autres déjà reconnues. Le dauphin à bosse de l'Atlantique (Sousa teuszii, unique espèce de son groupe) et les dauphins à bosse de l'océan Indien ou de l'océan Pacifique (S. plumbea et S. chinensis, les espèces du second groupe) font tous en moyenne 2,4 mètres de long, ont une bosse au niveau de la nageoire dorsale et nagent dans les deltas des rivières, dans les estuaires ou les rivières.

    Ces trois dauphins à bosse ont été vus au nord des côtes australiennes par l'équipe de recherche. L'analyse des échantillons prélevés sur eux ont montré qu'ils appartenaient une espèce jamais identifiée jusqu'alors. © Guido J. Parra, <a href="http://www.cebel.org.au/" target="_blank">www.cebel.org.au</a>

    Ces trois dauphins à bosse ont été vus au nord des côtes australiennes par l'équipe de recherche. L'analyse des échantillons prélevés sur eux ont montré qu'ils appartenaient une espèce jamais identifiée jusqu'alors. © Guido J. Parra, www.cebel.org.au

    Du fait de leur grande répartition géographique, les dauphins à bosse se sont isolés, ont évolué en espèces distinctes et se sont adaptées à leurs habitats locaux. Morphologiquement, les quatre espèces ne sont donc pas bien différentes. Les données génétiques en revanche prouvent que toutes les espèces sont distinctes. Les scientifiques impliqués dans l'étude suggèrent que ces données génétiquesgénétiques révèlent des modèles significatifs et concordants de ségrégationségrégation géographique. L'isolement les a poussé à évoluer chacun différemment.

    Au moins quatre espèces de Sousa en danger

    Pour décrire la lignée évolutive de ces animaux, l'équipe a analysé la génétique et la morphologiemorphologie d'individus de chaque océan, et donc de chaque espèce. Des tissus de 235 Sousa ont été étudiés, les prélèvements ont été récoltés directement in-situ ou à partir de biopsiesbiopsies réalisées à travers le monde. Les scientifiques ont analysé l'ADN mitochondrial, ainsi que quatre intronsintrons nucléaires à travers la phylogénétiquephylogénétique, le niveau des populations et leurs structures d'agrégation.

    Les dauphins du genre Sousa ont tous la même morphologie, ils ont un bec, et une protubérance dorsale, qui leur vaut leur nom de dauphin à bosse. La nouvelle espèce ne déroge pas à la règle. © Guido J. Parra, <a href="http://www.cebel.org.au/" target="_blank">www.cebel.org.au</a>

    Les dauphins du genre Sousa ont tous la même morphologie, ils ont un bec, et une protubérance dorsale, qui leur vaut leur nom de dauphin à bosse. La nouvelle espèce ne déroge pas à la règle. © Guido J. Parra, www.cebel.org.au

    En Atlantique, S. teuszii est classée comme vulnérable sur la liste de l’UICN, tandis que les deux espèces de l'Indopacifique sont menacées. En raison de leur préférence pour les côtes, ils sont victimes de la pêche et de la destruction de leur habitat. Ils sont par ailleurs si méconnus, qu'il est difficile d'établir des mesures pour les protéger. Connaître leur histoire évolutive, leur comportement et leur répartition exacte permettra aux scientifiques de mettre en œuvre une meilleure politique de protection des espèces.