Une espèce fossile d’ongulés découverte en Afrique se révèle être le chaînon manquant pour affilier les hippopotames et les cétacés. Successivement pensé proche des chevaux, des vaches ou encore des sangliers, l’animal emblématique des rivières africaines serait finalement plus proche du dauphin.

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    Les hippopotames (photo) ont eu pour cousin Epirigenys lokonensis, un mammifère 20 fois plus petit, de la taille d’un mouton d’environ 100 kg et qui devait passer également beaucoup de temps dans l’eau. © Cloudzilla, Wikimedia Commons, cc by sa 2.0

    Les hippopotames (photo) ont eu pour cousin Epirigenys lokonensis, un mammifère 20 fois plus petit, de la taille d’un mouton d’environ 100 kg et qui devait passer également beaucoup de temps dans l’eau. © Cloudzilla, Wikimedia Commons, cc by sa 2.0

    Epirigenys lokonensis, tel est le nom donné à une nouvelle espèce apparentée aux anthracothères, un groupe d'ongulés aujourd'hui disparu, d'après l'analyse de dents et d'une demi-mâchoire exhumées de la terre volcanique du Lokone, dans le bassin kenyan du lac Turkana. En outre, les caractéristiques de l'espèce permettent de faire le lien entre les anthracothères et les hippopotames, Epiri signifiant hippopotame en langue turkana, indique un article paru dans Nature Communication.

    Les anthracothères partageant eux-mêmes un ancêtre commun avec les cétacés, ces derniers prennent donc la place officielle de cousins éloignés des hippopotames. Ils succèdent ainsi aux équidés, aux ruminants et aux suidés dont font partie les sangliers. De prime abord surprenant, le lien entre une baleine et un hippopotame devient tangible en se remémorant l'apparence et le mode de vie des cétacés d’autrefois : les aïeux étaient des animaux terrestres, à quatre pattes, avant leur colonisation du milieu marin.

    Les hippopotames figurent parmi les premiers grands mammifères dont les ancêtres ont colonisé le continent africain à la nage, bien avant ceux des grands carnivores, des girafes ou des rhinocéros qui migrèrent par voie terrestre. © Vogelfreund, <em>Wikimedia Commons</em>, cc by sa 4.0

    Les hippopotames figurent parmi les premiers grands mammifères dont les ancêtres ont colonisé le continent africain à la nage, bien avant ceux des grands carnivores, des girafes ou des rhinocéros qui migrèrent par voie terrestre. © Vogelfreund, Wikimedia Commons, cc by sa 4.0

    L’ancêtre commun du dauphin et de l’hippopotame serait originaire d’Asie

    Autre fait remaniant les connaissances au sujet de l'histoire évolutive des hippopotames : l'âge très ancien d'Epirigenys lokonensis. D'après la datation des sédiments contenant les restes fossilesfossiles, l'espèce aurait vécu il y a 28 millions d'années. L'ancêtre commun à E. lokonensis et aux hippopotames aurait migré, quant à lui, il y a environ 35 millions d'années de la région correspondant de nos jours à la Birmanie vers l'Afrique, à peu près à la même époque que d'autres petits animaux. Si les rongeursrongeurs et les primatesprimates ont pu traverser le bras de mer qui séparait alors l'Asie de l'Afrique, l'ancêtre des hippopotames n'a pu parcourir les quelques centaines de kilomètres qu'à la nage. Ce qui remet en cause l'hypothèse qu'il serait venu par les terres bien plus tard, il y a 18 millions d'années, en même temps que d'autres grands mammifèresmammifères dont sont notamment issus les lionslions, les zèbres et les antilopesantilopes.

    « L'origine des hippopotames a été un mystère jusqu'à présent », déclare Fabrice Lihoreau, paléontologiste à l'université de Montpellier et auteur principal de l'article scientifique. « Nous avons comblé un trou dans l'histoire évolutive des hippopotames, nous rapprochant ainsi du point de divergence avec l'actuel groupe des cétacés », ajoute-t-il. Pour remonter encore plus loin dans l'origine des hippopotames, les scientifiques se penchent à présent sur l'identité de l'ancêtre commun des cétacés et des anthracothères qui autrefois vivait en Asie.