Pour la première fois, une équipe de chercheurs a établi un lien entre le récent effondrement spectaculaire des plates-formes1 de glace de l'Antarctique et l'activité humaine.

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    Image de l'iceberg B15A prise le 15 avril 2005 par le radar Asar de Envisat au moment de sa collision avec le glacier Drygalski

    Image de l'iceberg B15A prise le 15 avril 2005 par le radar Asar de Envisat au moment de sa collision avec le glacier Drygalski

    Au cours des 50 dernières années, les températures dans la partie centre-occidentale de la péninsule antarctique ont augmenté de près de 3° C, une élévation de loin supérieure à la hausse moyenne globale de 0,52° C et probablement supérieure à celle enregistrée dans toute autre région sur Terre.

    La conséquence la plus visible de cette élévation de température est l'effondrementeffondrement des plates-formes de glace de la région. Au cours des 30 dernières années, plus de 13 500 km² de glace se sont désintégrés.

    En 1995 et 2002, l'effondrement soudain d'immenses blocs de la partie septentrionale de la plate-forme glaciaire Larsen a attiré l'attention de la communauté internationale sur cette problématique. En 2002, ce sont 3 250 km² de glace qui se sont désintégrés. À l'époque fut soulevée la question de savoir si ces évènements spectaculaires résultaient de l'activité humaine. Une équipe de chercheurs, menée par le Dr Gareth Marshall de la British Antarctic Survey, vient de fournir la preuve que c'est effectivement le cas.

    Le réchauffement global a modifié les tendances climatiques en Antarctique. À présent, des vents d'ouest plus forts poussent régulièrement de l'airair plus chaud en direction de l'est au-dessus des montagnes de 2 000 mètres d'altitude de la péninsule antarctique. Et lorsque ce phénomène se produit, comme ce fut le cas en 1995 et 2002, la température sur la péninsule nord-orientale grimpe alors d'environ 5° C. Cette hausse engendre à son tour les conditions qui permettent aux eaux issues de la fontefonte et présentes à la surface de s'infiltrer dans les crevasses, processus qui intervient dans la rupture des plates-formes.

    « C'est la première fois que l'on est en mesure de démontrer un processus physiquephysique qui met directement en relation l'effondrement de la plate-forme glaciaire Larsen et l'activité humaine », a expliqué le Dr Marshall. « Le changement climatiquechangement climatique n'exerce pas un impact uniforme sur notre planète - il modifie les tendances climatiques d'une façon si complexe que des techniques spécifiques de recherche et de modélisationmodélisation mathématique sont nécessaires pour en comprendre le mécanisme. Ce que nous avons observé dans une des régions les plus retirées de la planète est un mécanisme d'amplification régional qui a entraîné le changement climatique spectaculaire auquel nous assistons sur la péninsule antarctique ».

    Les résultats de ces recherches sont publiés dans la revue Journal of Climate.

    1 - Note par Futura-Sciences : les plate-formes (en anglais "shelves") glaciaires sont une particularité de l'Antarctique ; il s'agit de banquisesbanquises (eau de mer gelée) sur laquelle se sont établis des glaciersglaciers par compactage de la neige. En se rompant elles donnent naissance à des icebergs plats.