Vous avez la hantise du dentiste ? Le simple son d'une roulette vous fait sursauter ? Passer à côté d'un chantier vous fait invariablement repenser aux terribles moments que vous avez passés la bouche ouverte ? Alors ayez une pensée émue pour les pauvres hommes préhistoriques, qui étaient à la merci d'une "fraise"… en silex !

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    Une molaire du néolithique travaillée par un dentiste préhistorique(Crédits : Roberto Macchiarelli, Université de Poitiers)

    Une molaire du néolithique travaillée par un dentiste préhistorique(Crédits : Roberto Macchiarelli, Université de Poitiers)

    Reconstitution par les archéologues du travail d'une dent, <br />comme pratiqué au néolithique <br />(Crédits : Roberto Macchiarelli, Université de Poitiers)

    Reconstitution par les archéologues du travail d'une dent,
    comme pratiqué au néolithique
    (Crédits : Roberto Macchiarelli, Université de Poitiers)

    8.000 ans avant l'apparition de la Novocaine, et 7.300 ans avant de pouvoir boire une gorgée d'alcoolalcool pour soulager leur douleur, les hommes préhistoriques avaient déjà à affronter la peur du dentiste, et à se laisser percer des trous dans l'émail de leurs dents.

    En effet, sur les squelettes de trois femmes, de deux hommes et de trois autres individus au sexe indéterminé découverts dans un ancien cimetière du Pakistan, des archéologues ont retrouvé des dents présentant des cavités, visiblement creusées par de petits outils de pierre ou d'os. Les interventions dentaires pratiquées sur ces individus remonteraient à 9.000 ans, soit 30 siècles avant les plus anciennes traces de soins de ce type retrouvées jusque là.

    Dans un article paru hier dans la revue Nature, les archéologues ajoutent que l'usure manifeste des dents opérées confirme que les cavités ont été creusées bien avant la mort des patients. Par ailleurs, il ne peut pas non plus s'agir de décorationsdécorations, car les soins ont été pratiqués sur des molaires et des prémolaires, donc tout au fond de la bouche.

    Les pauvres individus passés entre les mains des dentistes préhistoriques avaient manifestement des caries ou des infections de la mâchoire. L'un d'eux s'était vu creuser trois cavités, et la "fraisefraise" du praticien était passée à trois reprises sur la dent d'un autre.

    Roberto Macchiarelli, de l'Université de Poitiers, estime que ces opérations devaient être extrêmement douloureuses. Les cavités creusées dans les dents des malades mesurent de 1 à 3 millimètres de diamètre, et entre 0.5 et 3.5 millimètres de profondeur.

    Combien de temps duraient ces interventions ? Selon les archéologues, qui ont reconstitué l'opération, probablement pas plus d'une minute. Mais une minute d'atroce souffrance...

    Une appréhension à l'idée de rendre visite à votre dentiste ? Songez donc à ces hommes préhistoriques privés d'anesthésieanesthésie... Une chose est sûre : c'était pour leur bien !