Les traces d’un très vieux festin, qui a probablement accompagné la célébration de la mort d’une femme chamane et datant de 12.000 ans, ont été retrouvées en Israël. De tels événements ont probablement contribué à la sédentarisation des hommes et au développement de l'agriculture.

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    Les fouilles dans les fosses retrouvées à Hilazon Tachtit Cave en Israël ont permis de découvrir les restes de ce très ancien festin. © Naftali Hilger

    Les fouilles dans les fosses retrouvées à Hilazon Tachtit Cave en Israël ont permis de découvrir les restes de ce très ancien festin. © Naftali Hilger

    Les fêtes familiales sont souvent, sinon toujours, célébrées autour de grandes tablées où la nourriture tient une place importante. Ces festins sont des moments agréables et surtout conviviaux, mais quelle en est l'origine ? Les Romains et les Grecs, il y a plus de 2.000 ans festoyaient déjà autour de riches denrées, de même que les premières populations sédentaires de la période du Néolithique (débutée il y a 9.000 ans).

    D'après une découverte publiée dans le journal Pnas, les premiers festins seraient encore plus anciens que cela, bien avant l'agriculture ou l'élevage. En effet, des anthropologistes de l'université du Connecticut apportent la preuve d'un tel festin daté d'il y a 12.000 ans. Les traces en ont été retrouvées dans un sanctuaire en Israël, à Hilazon Tachtit Cave. Les restes de 71 tortues et trois bœufs sauvages, une quantité énorme et inhabituelle de nourriture, ont été retrouvés par les scientifiques dans deux fosses creusées de main d'homme.

    Les restes de ces animaux montrent des signes de cuisson et de découpe qui indiquent qu'ils ont sans doute été consommés par l'homme. Les scientifiques ont estimé que la viande des tortues était suffisante pour nourrir environ 35 personnes. Il n'est toutefois pas exclu que les participants au festin étaient beaucoup plus nombreux, puisque de la nourriture supplémentaire qui n'a pas laissé de traces visibles aujourd'hui a aussi pu être proposée.

    Un des restes d'une carapace de tortue retrouvée dans une fosse à Hilazon Tachtit Cave en Israël. La chair de toutes les tortues retrouvées ont permis de nourrir au moins 35 personnes, un beau festin pour l'époque. © Natalie Munro

    Un des restes d'une carapace de tortue retrouvée dans une fosse à Hilazon Tachtit Cave en Israël. La chair de toutes les tortues retrouvées ont permis de nourrir au moins 35 personnes, un beau festin pour l'époque. © Natalie Munro

    Des festins pour réduire les tensions

    La raison de ce festin a aussi été élucidée. Les carapaces des tortues ont été retrouvées sous, autour et au-dessus des restes d'une vieille femme chamane qui a probablement été enterrée suivant les rituels de l'époque. Ces données suggèrent que le repas a été consommé en même temps que la célébration des funérailles de cette femme.

    Les Natoufiens, puisque c'est de cette communauté qu'il s'agit, vivaient dans cette région à l'époque de l'épipaléolithique tardif (entre -14.500 et -11.500 ans). Au départ, les populations étaient mobilesmobiles et séparées en petits groupes. Si la nourriture venait à manquer, les tensions qui survenaient étaient simplement réglées par le déménagement d'un des groupes vers des terresterres plus accueillantes.

    Peu à peu, au fil de l'accroissement de la population et donc de la réduction de l'espace attribué à chacun, les groupes ont été amenés à se rencontrer de plus en plus fréquemment et les tensions ont probablement été de plus en plus nombreuses. Finalement, les communautés se sont sédentarisées et ont appris à cultiver la terre et à pratiquer l'élevage pour réduire les problèmes liés à la nourriture.

    La transition vers la sédentarisation a probablement été facilitée par ce genre de festins, d'après Natalie Munro, une des anthropologues impliqués dans l'étude. En effet, ces événements de fête où la nourriture est abondante permettent de réduire les tensions et de contribuer à l'amélioration des relations sociales au sein des communautés.