Certes, les microraptors appréciaient se repaître d’oiseaux, mais ils aimaient aussi pêcher. La découverte de restes de poissons téléostéens dans l’estomac de l’un d’entre eux peut en témoigner. D’ailleurs, les dents de ce dinosaure biplan possédaient des adaptations leur permettant de saisir des proies frétillantes. Pourquoi dès lors ne pas en profiter ? 

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    Les forêts chinoises étaient humides à l'époque où les microraptors y vivaient, voilà 120 millions d'années. Depuis, de nombreux fossiles découverts dans la formation géologique de Jehol (province du Liaoning) ont dévoilé d'importantes informations sur ce dinosaure non aviaire. Ainsi, les microraptors, appelés aussi « petits voleurs », avaient la taille d'un faucon actuel, mais ils possédaient quatre ailes. En effet, leurs membres antérieurs et postérieurs étaient tous recouverts de longues plumes. En 2007, deux chercheurs ont avancé, modèle aérodynamique à l'appui, que les ailes postérieures se positionnaient sous les antérieures durant le vol, à la manière d'un biplan.

    Le régime alimentaire de ce dromæosauridé du Crétacé inférieur a partiellement été dévoilé en 2011 grâce à la découverte d'un individu fossilisé ayant conservé des traces de son ultime repas. Ses dernières proies furent des énantiornithes, des oiseaux qui possédaient des dents et présentaient un mode de vie arboricolearboricole. Il a donc été supposé que les microraptors chassaient leurs proies dans les arbres... ce qui ne serait pas toujours vrai. De nouvelles informations sur le régime alimentaire de cet animal viennent d'être dévoilées dans la revue Evolution.

    Certes, les microraptors pouvaient se nourrir d'oiseaux et de petits mammifères vivant en hauteur, mais ils étaient également capables de pêcher ! Des restes de poissons téléostéens ont en effet été découverts dans l'estomacestomac d'un Microraptor guigui dernièrement mis au jour en Chine. Cette espèceespèce possédait même des adaptations morphologiques lui permettant de saisir des proies visqueuses et frétillantes, peut-être même en vol.

    Des restes de poissons téléostéens sont visibles sous les côtes de ce <em>Microraptor gui</em> mis au jour dans la province du Liaoning, en Chine. Le squelette a été particulièrement bien conservé, puisqu'il est presque complet et articulé. © Scott Persons

    Des restes de poissons téléostéens sont visibles sous les côtes de ce Microraptor gui mis au jour dans la province du Liaoning, en Chine. Le squelette a été particulièrement bien conservé, puisqu'il est presque complet et articulé. © Scott Persons

    Des dents pointées vers l'avant pour embrocher des poissons

    Ce Microraptor gui, décrit entre autres par Lida Xing et Scott Persons de l'université d'Alberta (Canada) a été extrait de cendres volcaniques, ce qui expliquerait sa relativement bonne conservation. Ses dents ont dévoilé de précieuses informations.

    La plupart des dinosaures carnivores possédaient des dentelures sur les deux arêtes de leurs dents. Grâce à cela, ils pouvaient aisément découper leurs proies en déplaçant leurs mâchoires, comme quand nous coupons un steak avec un couteau à viande. Les dents du microraptor, quant à elles, ne possèdent des dentelures que sur une seule arête. Par ailleurs, les dents situées dans la région antérieure du dentaire sont dirigées vers l'avant.

    Grâce à ces adaptations, ces dinosaures aux plumes noires et bleues pouvaient vraisemblablement empaler des poissons sur leurs dents, puis les empêcher de s'échapper durant leurs frétillements. L'absence des dentelures jouerait un rôle à ce moment précis, puisqu'elle éviterait à la proie de se déchirer pendant ses mouvementsmouvements. Les microraptors devaient sûrement avaler leurs victimes d'un seul tenant, en jetant leur tête en arrière. Ainsi, ces dinosaures volant auraient eu un régime alimentaire plus opportuniste et généraliste qu'on ne le pensait jusqu'alors, puisqu'ils saisissaient leur pitance aussi bien dans les arbres que dans l'eau.