Il y a quelques années Futura-Sciences avait enquêté sur la disparition des dinosaures dans un dossier complet sur le sujet. Pour ce mois consacré à un nouveau voyage dans le temps à travers le Crétacé jusqu’au Trias et en passant par le Jurassique, voici un petit retour sur une partie des articles consacrés depuis lors à cette enquête par Futura-Sciences.

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    De gauche à droite, Helen Michel, Frank Asaro, Walter Alvarez et Luis Alvarez, les promoteurs de la thèse de la chute d'un petit corps céleste comme explication de la crise K-T. © Lawrence Berkeley National Laboratory

    De gauche à droite, Helen Michel, Frank Asaro, Walter Alvarez et Luis Alvarez, les promoteurs de la thèse de la chute d'un petit corps céleste comme explication de la crise K-T. © Lawrence Berkeley National Laboratory

    • Enquête sur la disparition des dinosaures, le dossier complet 

    Au cours de la dernière décennie, les débats sur l'origine de la disparition des dinosaures se sont poursuivis sans changer significativement la thèse qui était dominante dans les années 1990, à savoir celle d'une extinction rapide causée par l'impact d'un petit corps céleste d'une dizaine de kilomètres de diamètre.

    L'astroblèmeastroblème de ChicxulubChicxulub, témoin de cet impact selon la majorité des chercheurs, a continué à être étudié. Si l'on a pu croire pendant un moment que Gerta Keller, la fameuse micropaléontologiste de Princeton, avait raison quand elle affirmait qu'il était antérieur de 300.000 ans à la crise K-Tcrise K-T, ce n'est plus le cas depuis quelques années.

    Certains continuent à penser, comme Keller, qu'il y a peut-être eu de multiples impacts séparées dans le temps par de faibles duréesdurées à l'échelle géologique (dont l'unité est, rappelons-le, le million d'années). Ce serait alors la combinaison de l'influence sur le climat et la biosphère de ces multiples impacts qui auraient en fait exterminé les dinosaures, les reptiles marins caractéristiques de cette époque et bien d'autres animaux, comme les ammonites.

    Il se pourrait même, toujours selon eux, que le véritable cratère principal expliquant la crise K-T ne soit pas celui de Chicxulub. C'est par exemple la théorie soutenue depuis des années par le paléontologuepaléontologue indien Sankar Chatterjee qui est revenu à la charge sur ce sujet en 2009 avec le présumé cratère Shiva, sans convaincre ses collègues.

    Certes, l'influence des éruptions des trapps du Deccan en Inde, hypothèse proposée par Vincent Courtillot, a probablement été significative pour expliquer une fragilisation préalable de la biosphère, et même d'autres disparitions. Mais si l'on en croit les conclusions d'un groupe de plusieurs dizaines de chercheurs dans différentes disciplines des géosciences, publiées dans un article de Science en 2010, l'ensemble des données disponibles et l'affinement des datations ne laissent guère de doutes.

    Les empilements de coulées basaltiques des trapps du Deccan en Inde. © Kppethe-wikipédia

    Les empilements de coulées basaltiques des trapps du Deccan en Inde. © Kppethe-wikipédia

    Les dinos n'ont pas dit leur dernier mot

    La meilleure corrélation que l'on puisse trouver entre la crise K-T, il y a 65,5 ± 0,3 millions d'années, et un événement intervenu à cette époque est bien celle qui implique la chute d'un astéroïde de type chondritique, à l'origine du cratère au Yucatan. La provenance probable de ce corps a même été précisée en 2007 dans une publication spectaculaire. Un groupe de chercheurs, dont certains sont des spécialistes de la mécanique céleste, ont soutenu que le petit corps céleste à l'origine de cet astroblème provient d'une collision ayant fragmenté l'astéroïdeastéroïde 298 Baptistina il y a environ 160 millions d'années.

    Récemment, une découverte intrigante, basée sur la première datation directe d'un os de dinosaure, suggère que tous les dinosaures non-aviensaviens n'ont pas disparu immédiatement après cet impact. Certaines espèces auraient survécu pendant peut-être des centaines de milliers d'années.

    Une chose est sûre : on n'est pas au bout de nos surprises avec les dinosaures. Toujours pendant cette dernière décennie, d'autres découvertes ont conduit à penser qu'ils étaient probablement apparus plus tôt qu'on ne le croyait, qu'un bon tiers des dinosaures n'avait peut-être jamais existé ou que le terrible spinosaure de Jurassic Park était très probablement piscivorepiscivore.

    Il reste aussi à comprendre ce qui s'est vraiment passé dans les écosystèmes pendant la crise K-T. Pourquoi certaines espècesespèces ont disparu et pas d'autres (comme les oiseaux). L'enquête sur la disparition des dinosaures va donc continuer encore pendant plusieurs dizaines d'années au moins... et c'est une chance pour les amoureux des dinosaures !