Sacré cadeau : cent cinquante ans après sa découverte, l’archéoptéryx n’est plus un oiseau ! L’étude d’un nouveau fossile découvert en Chine oblige les paléontologistes à repenser les liens entre oiseaux et dinosaures, notamment en changeant la classification du fameux « chaînon manquant ».

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    Malgré l'impression de vol dégagée par cet exemplaire fossile exposé à Berlin, l'archéoptéryx n'est plus un oiseau mais bien un dinosaure. © digital-cat, Flickr, CC-by-2.0

    Malgré l'impression de vol dégagée par cet exemplaire fossile exposé à Berlin, l'archéoptéryx n'est plus un oiseau mais bien un dinosaure. © digital-cat, Flickr, CC-by-2.0

    En 1861, deux ans après la publication par DarwinDarwin de sa théorie de l'évolution, la découverte d'un fossile mi-dinosaure, mi-oiseau fait sensation. Ce premier archéoptéryx, avec son bréchet, ses membres antérieurs forts et surtout ses plumes, est alors naturellement vu comme le « chaînon manquantchaînon manquant » entre les deux groupes. Mais les paléontologuespaléontologues se sont aperçus depuis que la réalité de l'évolution des êtres vivants est bien plus complexe. L'idée de « chaînon manquant » a laissé place au concept de « dernier ancêtre commun ».

    Les découvertes récentes de nouveaux fossiles de dinosaures partageant des caractéristiques aviaires ont bien sûr troublé les chercheurs. Dinosaures ou oiseaux ? Cousins ou ancêtres ? Le casse-tête se compliquait... Mais l'archéoptéryx a néanmoins conservé son titre de premier des oiseaux.

    Une poule avec des dents… et des griffes

    Un titre conservé jusqu'à aujourd'hui, avec l'étude détaillée d'un nouveau fossilefossile par une équipe de l'institut de PaléoanthropologiePaléoanthropologie et paléontologiepaléontologie des vertébrésvertébrés de Pékin. L'animal, baptisé Xiaotingia zhengi, vivait à la fin du JurassiqueJurassique, il y a 161 à 145 millions d'années. L'empreinte dans la roche montre qu'il avait des plumes, des griffes et des dents acérées. Les longs os de ses doigts et la forme en L d'une extrémité de son bréchet l'apparentent fortement à l'archéoptéryx et à un autre emplumé nommé anchiornis. Les trois sont donc des parents proches et doivent être classés ensemble.

    Une vision artistique de ce à quoi aurait pu ressembler <em>Xiaotingia zhengi.</em> DR

    Une vision artistique de ce à quoi aurait pu ressembler Xiaotingia zhengi. DR

    Ensemble, mais où ? Pour trouver la réponse la plus proche des observations, l'équipe ne s'est pas arrêtée à ces rapprochements. Les chercheurs chinois ont aussi remarqué que ces trois individus présentaient chacun les mêmes différences avec le groupe des AvialaeAvialae, dont font partie les premiers oiseaux. Les plus flagrantes sont au niveau du crânecrâne, avec un museau assez plat et des régions postérieures aux orbitesorbites assez étendues. Deux caractères absents chez les premiers oiseaux, mais bien présents chez des dinosaures comme le vélociraptor et le microraptor.

    Les chercheurs chinois ont donc dû déplacer les trois fossiles à plumes. Tous, même l'archéoptéryx, quittent les oiseaux pour rejoindre les dinosaures du groupe Deinonychosauria. Pour Xing Xu, auteur de la publication et responsable de l'offense à l'ancêtre, les choses sont claires : « La place donnée à l'archéoptéryx dans la classification était due à la combinaison d'un contexte historique [Darwin, NDLRNDLR] et d'un manque de données fossiles éclairant la transition entre dinosaures et oiseaux ».

    La mise à basmise à bas du mythe de l'archéoptéryx comme premier oiseau est plutôt bien accueillie par les paléontologues. Pour Lawrence Witmer de l'université de l'Ohio, elle paraît évidente avec les connaissances actuelles. En revanche, savoir si le placement phylogénétiquephylogénétique de l'archéoptéryx parmi les Deinonychosauria sera pérenne est une autre question. Seuls des indices de terrain apportés par de nouveaux fossiles pourront confirmer (ou chambouler une nouvelle fois) nos connaissances sur l'émergenceémergence de la lignée des oiseaux.