Le coût de l'enseignement supérieur aux Etats-Unis a augmenté plus vite que le taux d'inflation sur l'année universitaire 2007/2008, en particulier dans les universités publiques, selon un rapport du College Board publié en octobre 2007.

au sommaire


    Note : les Bulletins Electroniques (BE) sont un service ADIT

    Note : les Bulletins Electroniques (BE) sont un service ADIT

    Les frais d'inscription dans les universités publiques ont augmenté de 6,6 % par rapport à 2006-2007(soit une augmentation de 381 dollars) pour les étudiants résidant dans l'état où se situe l'université et de 5,5 % pour les étudiants résidant en dehors de l'état (soit une augmentation de 862 dollars). Dans les universités privées, les frais d'inscription ont augmenté de 6,3 %, soit 1.404 dollars. Les frais d'inscription ont crû plus rapidement dans les universités publiques entre 1997-98 et 2007-08 que dans la décennie précédente alors que ce n'est pas le cas dans les universités privées (ces dernières restant cependant bien sûr nettement plus chères). Les frais d'hébergement et de nourriture en résidence ont également augmenté de 5,3 % dans les universités publiques et de 5 % dans les universités privées.

    Pourtant, cette année, de nombreuses universités publiques ont reçu des sommes importantes d'argent public. En somme, si une réduction des dépenses publiques au profit de l'enseignement supérieur fait augmenter de façon important les frais d'inscription, une augmentation de ces mêmes dépenses n'entraîne pas nécessairement une stabilisation ou une diminution des frais d'inscription.

    Les raisons pour lesquelles les universités publiques continuent à augmenter les frais d'inscription malgré un support public accru varient d'un état à l'autre. Dans certains états comme la Virginie, les droits d'inscription ont continué à augmenter car les universités publiques n'ont pas encore surmonté les coupes budgétaires passées. Ailleurs, les universités publiques alourdissent ces droits afin de devenir plus compétitives, par exemple en offrant une meilleure rémunération à leurs enseignants. Ironiquement, l'accroissement des droits d'inscription dans certains états résulte directement de politiques dont l'intention est de faire diminuer ces frais. Par exemple, en Georgie les frais de scolarité ont crû de 15,5 % alors que le support de l'Etat a augmenté de 10,5 %, en raison du vote d'une nouvelle loi qui garantit que les étudiants entrant en première année ne verront pas leurs frais de scolarité augmenter dans les quatre années à venir. L'augmentation appliquée par les universités prend donc en compte une estimation des coûts à venir durant ces quatre années. Enfin, lorsque les montants des frais d'inscription sont gelés pendant un certain nombre d'années, une très forte augmentation peut survenir lorsque le gelgel est levé. A l'inverse, dans plus d'une douzaine d'états les droits d'inscription ont augmenté dans une moindre mesure cette année parce que des lois limitent l'augmentation des frais d'inscription ou encore en gèlent les montants.

    Les aides financières accordées aux étudiants ont augmenté de 82 % sur les dix dernières années. Les étudiants ont bénéficié de plus de 130 milliards de dollars en bourses, prêts fédéraux, offres d'emploi à temps partiel, crédits et déductions d'impôts pour l'enseignement en 2006-2007 et près des trois quarts des étudiants en licence ont reçu une forme d'aide financière. En moyenne, les étudiants reçoivent 9.300 dollars d'aide par an sous forme de bourses et de bénéfices fiscaux dans les universités privées et 3.600 dollars dans les universités publiques. Mais l'accroissement de ces aides ne suit pas l'inflation constatée pour les droits et autres frais supportés par les étudiants.

    Les prêts Stafford subventionnés par le gouvernement fédéral (pour lesquels le gouvernement paie les intérêts pendant la duréedurée des études de l'étudiant) représentaient moins du tiers de l'ensemble des aides en 2006-2007, alors que ce pourcentage était de 54 % il y a dix ans. Les Bourses Pell, qui sont des bourses sur critères sociaux pour les étudiants à revenus faibles couvrent 32 % des frais d'inscription, de logement universitaire et de nourriture à l'université publique alors qu'elles couvraient 52 % de ces coûts il y a 20 ans. Le montant de la bourse Pell par étudiant, 2.494 dollars en 2006-2007 (en dollars ajustés de l'inflation) est 23 % plus élevé qu'il y a dix ans mais 5,3% plus bas qu'en 2001-2002. Le nombre d'étudiants qui reçoivent des bourses Pell a augmenté de 41 % de 3,7 millions à 5,2 millions en 10 ans, après avoir augmenté de 38 % dans la décennie précédente. Le total des dépenses pour les bourses Pell a diminué en chiffres réels pour la seconde année consécutive.

    Les prêts fédéraux sont en moyenne la source principale d'aide que ce soit au niveau licence ou master-doctorat. L'ensemble des prêts fédéraux représente moins de la moitié de l'ensemble de l'aide pour les étudiants en licence (40 %) et joue un rôle beaucoup plus important au niveau master/doctorat. Bien que le support du gouvernement fédéral reste une source majeure d'aide financière, il ne couvre pas l'augmentation des coûts. C'est l'une des raisons pour lesquelles les étudiants se sont tournés vers les états fédérés et des organismes de prêt privés afin d'emprunter 18 milliards supplémentaires. Les étudiants qui souscrivent des prêts auprès d'opérateurs privés sont souvent ceux qui n'ont pas d'autre choix.

    Il y a dix ans encore, les étudiants se tournaient rarement vers les prêts privés. Ces derniers sont aujourd'hui de plus en plus communs et posent un risque financier en raison de taux d'intérêts variables et d'un manque de protection en cas de chômage ou d'incapacité de travail. En 2006-2007, les prêts auprès des états fédérés ou de sources privées représentaient 29 % des prêts des étudiants en licence et 12 % des prêts souscrits par les étudiants de niveau master ou doctorat. La croissance des prêts privés était de 27 % par an dans les 5 années précédant l'année universitaire 2006-2007 mais a ralenti à une augmentation de 6 % l'année passée. On peut relever que les remous depuis le printemps autour du système de prêts, avec l'apparition généralisée d'affaires de corruption au sein des universités en parallèle de batailles capitalistique dans le secteur (voir BE Etats-Unis 75, OPA sur les prêts étudiants) pourraient induire du moins pour le proche avenir des inflexions, à la baisse, de cette activité (qui pourrait faire l'objet d'un encadrement plus strict via le Student Loan Sunshine Act).

    L'évolution de ces données méritera d'être suivie dans les années à venir. En effet, une loi votée en septembre 2007 permettra d'augmenter largement l'aide fédérale pour les étudiants. Elle diminue radicalement les subventions accordées aux sociétés qui fournissent des prêts aux étudiants. Les économies ainsi réalisées permettront d'accroître le plafond des bourses Pell de 4 310 dollars en 2007 à 5.400 dollars en 2012, soit 11,4 milliards de dollars supplémentaires, et de diminuer par deux le taux d'intérêt sur les prêts Stafford subventionnés (de 6,8 % aujourd'hui à 3,4 % en 2011). Cette loi garantit également que l'effort financier de l'emprunteur ne représentera pas plus de 15 % de son revenu et que l'emprunt ne sera plus à rembourser au-delà de vingt-cinq années.

    Par Estelle Bouzat