Les anthropologues devront désormais s'immerger plus profondément dans le passé pour étudier l'origine des premiers hominidés en dehors de l'Afrique. En cause, une vingtaine de restes fossiles découverts en Géorgie (ex république soviétique), datés de 1,8 million d'années.

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    Le professeur David Lordpkipanidze. Crédit Univ. Washington.

    Le professeur David Lordpkipanidze. Crédit Univ. Washington.

    L'auteur de l'étude est le professeur David Lordpkipanidze, directeur du Musée national de Géorgie, ainsi que d'autres chercheurs de Géorgie, Suisse, Italie et Espagne.

    Cette découverte est intervenue sur le site de Dmanisi, à 85 kilomètres de Tbilisi dans le Mashavera River Valley qui relie la chaîne volcanique de Javakheti. L'expertise de cette région, qui correspond aussi à une ville médiévale où convergeaient divers itinéraires de caravanes en provenance de Byzance, d'Arménie et de Perse, a débuté en 1936 puis s'est poursuivie en 1960. Divers ossements, animaux comme humains, ont permis d'en estimer l'origine au PléistocènePléistocène inférieur.

    Le site de fouilles de Dmanisi. Crédit : David Lordkipanidze.

    Les fossilesfossiles d'hominidéshominidés découverts à ce jour correspondent à environ vingt individus et comprennent trois mandibulesmandibules, trois crânescrânes et plusieurs pièces diverses. Ceux-ci se révèlent être les plus anciens restes humains présentant clairement des affinités à l'Homo ergasterHomo ergaster africain plutôt qu'à l'Homo erectusHomo erectus asiatique ou à l'hominidé européen.

    Ainsi, la forme générale et la robustesse de la mandibule D-211 diffère de tous les exemplaires connus d'Homo erectus, mais affiche une similitude certaine avec plusieurs fossiles africains de Koobi Flora et Ileret. Cependant, des différences apparaissent dans d'autres particularités importantes, signe d'une adaptation progressive.


    La mandibule D-211. Crédit : David Lordkipanidze.

    Par ailleurs, les spécimens plus complets montrent quelques aspects plus modernes dans la morphologiemorphologie de leurs membres antérieurs, comme de longues jambes et un pied arqué, mais conservent certains aspects plus primitifs au niveau de l'épaule et du pied. Leur stature et leur taille, ainsi que le volume de la boîte crânienneboîte crânienne (de 650 à 775 cm³) évoquent aussi des espècesespèces plus anciennes originaires d'Afrique.

    L'ensemble de ces découvertes - publication dans le magazine Nature du 20 septembre 2007 - démontre la capacité anatomique et comportementale de cette espèce à s'adapter avec succès lors de sa transition entre l'Afrique et le nord de l'Europe, climatiquement et environnementalement très différents, annonce Herman Pontzer, autre membre de l'équipe et professeur assistant en anthropologie à l'université de Washington, qui étudie sous quel aspect l'anatomieanatomie musculo-squelettique d'un animal peut refléter son environnement, sa place écologique et l'histoire de son évolution, données aussi transposables à l'Homme.

    "Ces recherches démontrent les facultés d'adaptation et de flexibilité comportementale de cette espèce, qui lui ont permis de quitter son berceau africain voici 1,8 million d'années", conclut Pontzer.