Une des pratiques funéraires de nos ancêtres les Gaulois consistait à ensevelir un membre de l'aristocratie décédé avec son char et ses chevaux. On a trouvé nombre de ces tombes à char dans les Ardennes. L'Inrap a réalisé une vidéo de la fouille de l'une d'entre elles trouvée à Warcq.

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    Une équipe mixte, composée d'archéologues de la cellule départementale d'archéologie des Ardennes et de l'Inrap, vient d'achever la fouille de la tombe aristocratique gauloise de Warcq (Ardennes). Sur prescription de l'État (Drac Champagne-Ardenne), ce chantier a été entrepris sur le tracé de l'autoroute A304, aménagé par la Dreal, entre Charleville-Mézières et Rocroi. Ce type de tombe aristocratique, contenant un char d'apparat ou de guerre, émerge dès le VIIe siècle avant notre ère et disparaît avec la fin de la période gauloise. La Champagne-Ardenne est célèbre pour de telles pratiques funéraires, généralement datées du début du second âge du Fer (Ve et IVe siècles avant notre ère).

    Les vestiges mis au jour dans la tombe de Warcq s'avèrent aujourd'hui exceptionnels. La vaste chambre funéraire (5,50 x 2,80 m) est préservée sur plus d'un mètre d'épaisseur. Dans ce milieu humide, son coffragecoffrage et son plafond de boisbois se sont très bien conservés. Au cours du temps, ce dernier s'est directement effondré sur le sol de la chambre, le défunt et ses biens. Le mobilier funéraire exhumé est d'une grande richesse. Il se compose d'un char à deux roues, d'apparat. Le véhicule est finement décoré, notamment de pièces de bronze, parfois serties de pâte de verre bleu foncé ou jaune sur la caisse et les moyeux.


    Une vidéo de présentation de la fouille de la tombe aristocratique gauloise de Warcq (Ardennes). Intervenants : Bertrand Roseau, responsable de la cellule départementale d'archéologie
    Emilie Millet, spécialiste des objets métalliques gaulois (Inrap). © Inrap - Céline Production - 2014

    Le défunt, son char, ses chevaux et son riche mobilier

    D'autres objets de bois plus énigmatiques sont encore recouverts d'une fine feuille d'or. Un des éléments les plus spectaculaires est l'inhumation de quatre chevaux : deux dans les angles sud-ouest et nord-ouest, deux à l'avant du char, sous le joug. Le défunt, probablement un homme, repose sur la caisse du char. Un exceptionnel collier d'or, probablement sur trame de cuir ou de bois, enserre encore son cou. Une fibule est liée à ses vêtements. Un fourreau d'épée ployé, une paire de forces et un rasoir en fer reposent à ses côtés. Trois vases en céramiquecéramique, entiers, ont été écrasés lors de l'effondrementeffondrement du plafond de la chambre. Enfin, un cochon constitue une des offrandes alimentaires.

    Tout indique ici une mise en scène funéraire élaborée, très spectaculaire, dont certains aspects sont fort peu courants dans les tombes à char de Champagne. Tout d'abord, la présence de quatre chevaux, mais aussi celle d'un fourreau d'épée plié en deux, une pratique fréquente dans les sépulturessépultures celtiques d'Italie du Nord mais peu attestée en Gaule. De même, l'un des vases, de forme balustre, porteporte un décor géométrique, probablement réalisé à l'étain dont aucun équivalent n'a encore été reconnu en France. Enfin, et avant même d'en définir la chronologie précise, de nombreux indices permettent d'attribuer la tombe à char de Warcq à la fin du IIe siècle ou au début du Ier siècle avant notre ère (La Tène D1), période où ce mode d'inhumation a pratiquement disparu.

    La cellule départementale d’Archéologie des Ardennes

    Le Conseil général des Ardennes s'est doté d'une cellule départementale d'Archéologie pour réduire les délais d'intervention, diffuser et valoriser les découvertes auprès des Ardennais et pour la recherche et la diffusion à la communauté scientifique. Dotée de 6 agents permanents, elle a été agréée le 22 juin 2009 par le ministère de la Culture et de la Communication pour la réalisation des diagnosticsdiagnostics sur le territoire départemental, et de fouilles gallo-romaines et médiévales. Cet agrément vient d'être renouvelé pour 5 ans à compter du 22 juin 2014. En cinq ans, la cellule départementale a réalisé 84 opérations de diagnostic pour une superficie de 458 hectares.