L’Unesco vient d’inscrire la caverne ornée du Pont-d’Arc, dite grotte Chauvet dans sa Liste du patrimoine mondial. Les œuvres aurignaciennes, parmi les plus anciennes peintures pariétales connues, acquièrent ainsi une reconnaissance internationale.

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    Dans la grotte Chauvet, les animaux sont souvent mis en scène. L'artiste a représenté ici des lions chassant des bisons. Ces fresques témoignent d'une grande maîtrise du dessin alors que l'époque est  ancienne : environ 30.000 ans avant le présent. © Jean Clottes, DR

    Dans la grotte Chauvet, les animaux sont souvent mis en scène. L'artiste a représenté ici des lions chassant des bisons. Ces fresques témoignent d'une grande maîtrise du dessin alors que l'époque est  ancienne : environ 30.000 ans avant le présent. © Jean Clottes, DR

    La Liste du patrimoine mondial de l’humanité établie par l'Unesco, en session à Doha, au Qatar jusqu'au 25 juin, contient depuis hier 1.001 sites avec l'enregistrement du deltadelta de l'Okavongo, au Botswana, et la grotte Chauvet-Pont d'Arc, découverte en Ardèche en décembre 1994. L'extraordinaire collection de peintures pariétales mise au jour par trois spéléologues, Jean-Marie Chauvet, Eliette Brunel et Christian Hillaire, près du village de Vallon-Pont d’Arc, dans les gorges de l'Ardèche est exceptionnelle par sa richesse, sa conservation et sa datation.


    La bande-annonce du documentaire La Grotte des Rêves Perdus, de Werner Herzog, réalisé en 2010, par la première équipe, et peut-être la dernière, autorisée à filmer le site. © Metropolitan Films

    La grotte a été isolée par des éboulements

    Pas moins d'un millier de dessins, superbes, ont été dénombrés, représentant 430 animaux de toutes sortes, du lionlion au papillon, et ne se limitant pas aux espècesespèces chassées, comme c'est le cas dans d'autres grottes. Les fresques pariétales sont des mises en scène, utilisant la perspective et montrant les animaux en train de courir, de chasser ou, souvent, en couple. Ces œuvres d'art ont été très bien conservées grâce, sans doute, à des éboulementséboulements postérieurs aux peintures qui ont bouché l'entrée de la grotte.

    Ces accidentsaccidents ont pu être reconstitués après une minutieuse étude de géomorphologie réalisée par une équipe du laboratoire Edytem (Environnements et dynamiques des territoires de montagnes, université de Savoie), menée par Benjamin Sadier. La falaise se serait brisée à plusieurs reprises entre -29.000 et -21.000 ans au niveau de l'entrée connue aujourd'hui et, affirment tous ceux qui ont étudié la grotte, il n'y en a jamais eu d'autres.

    Trois ours, peints en rouge, courent dans la grotte Chauvet-Pont d'Arc. © Jean Clottes, DR

    Trois ours, peints en rouge, courent dans la grotte Chauvet-Pont d'Arc. © Jean Clottes, DR

    L'accès à la grotte Chauvet restera strictement limité

    Le site est également remarquable par son âge. Le réseau de cavités, creusées par l'eau dans un massif calcairecalcaire, a été fréquenté par des humains durant deux périodes, autour de 30.000 ans avant le présent pour la plus récente et entre 35.000 et 36.000 ans pour la plus ancienne (des datations effectuées avec la méthode du carbone 14). La grotte Chauvet-Pont d'Arc est donc, actuellement, une des plus vieilles manifestations artistiques d'Europe, bien plus ancienne que Lascaux ou Cosquer.

    La qualité et la beauté des dessins sont d'autant plus frappantes, contraignant à revoir l'histoire de l'évolution des techniques artistiques de l'humanité. Les humains qui ont réalisé ces fresques étaient des Homo sapiensHomo sapiens, comme nous, et la culture que l'on y admire aujourd'hui est celle de l'Aurignacien. D'après Jean Clottes, conservateur général du patrimoine, qui a dirigé la première équipe à expertiser les lieux, la plupart des dessins ont été réalisés durant la première période et les artistes venus plus tard dans ces méandres souterrains n'ont pas superposé leurs œuvres à celles de leurs prédécesseurs.

    Le panneau des chevaux, une superbe fresque de la grotte Chauvet-Pont d’Arc. © Jean Clottes, DR© Jean Clottes, DR

    Le panneau des chevaux, une superbe fresque de la grotte Chauvet-Pont d’Arc. © Jean Clottes, DR© Jean Clottes, DR

    Pour Jean ClottesJean Clottes, « c'est la grotte la plus ancienne, la plus garnie et d'une qualité artistique étonnante. La grotte Chauvet-Pont d'Arc est tout à fait exceptionnelle ». Il répondait alors aux questions de Futura-Sciences au moment où le gouvernement français, en janvier 2013, venait officiellement de poser la candidature pour l'inscription sur la Liste du patrimoine mondial de l'Unesco, comme lui-même l'avait suggéré peu de temps après la découverte.

    La visite s'impose donc à tous ceux qui s'intéressent à l'histoire de l'Homme. Bien sûr, la grotte n'est pas ouverte au public et son accès est extrêmement restreint. L'expérience de la grotte de Lascaux, qui s'est dégradée après son exposition à tous, a servi de leçon. Une copie est actuellement en cours de réalisation à proximité et sera ouverte en 2015.