Albert Jacquard est né le 23 décembre 1925 à Lyon, dans une famille catholique et bourgeoise. Son enfance est marquée par un événement tragique : la mort de son petit frère de cinq ans dans un accidentaccident de voiturevoiture, alors que lui-même n'avait que neuf ans, dont il garde les stigmatesstigmates toute sa vie.

Élève brillant, il passe en 1943 deux baccalauréats : en mathématiques et en philosophie. Les deux années suivantes, il rentre en classe préparatoire dans le but d'intégrer une grande école. Une réussite, puisqu'en 1945 il entre dans la prestigieuse École polytechnique, de laquelle il ressort ingénieur, spécialisé dans les manufactures de l'État. Il enchaîne alors avec un cursus à l'Institut de statistiques, duquel il décroche un second titre d'ingénieur, dans l'organisation et la méthode.

Il fait ses armes avec le monde professionnel dans la Société d'exploitation industrielle des tabacs et des allumettesallumettes, entre 1951 et 1961. Par la suite, il intègre le ministère de la Santé durant deux ans, et se retrouve directeur adjoint au service de l'équipement. Puis en 1965, il devient chargé de recherche auprès de l'Institut national de la démographie (Ined) jusqu'en 1966.

Albert Jacquard, un généticien engagé

C'est à ce moment qu'il part mener des études de génétique à l'université Stanford, en Californie. À son retour en France, il retrouve de plus hautes fonctions à l'Ined mais réalise en parallèle deux doctorats. D'abord, il termine sa formation en génétiquegénétique, puis, deux ans plus tard, se spécialise en biologie humaine. Son bagage scientifique lui permet de devenir expert en génétique auprès de l'OMSOMS entre 1972 et 1985.

Dans les années 1970, il se lance dans la recherche universitaire, s'affiliant consécutivement à l'université de Genève (Suisse), Paris VI ou encore Louvain (Belgique). Sa carrière scientifique prend fin en 1991, après avoir terminé conseiller scientifique auprès de l'Ined. Elle est notamment ponctuée, entre 1983 et 1988, par une nomination en tant que membre du Comité consultatif national d'éthique pour les sciences de la vie et de la santé, après avoir reçu le statut d'officier de la Légion d'honneur et celui de commandeur de l'Ordre national du mérite en 1980.

Un humaniste convaincu

Attiré par la philosophie, Albert Jacquard combine son savoir en génétique avec les sciences humaines en rédigeant en 1978 Éloge de la différence : la génétique et les hommes. Dans cet ouvrage, il développe des principes et des valeurs qui l'accompagneront toute sa vie, et pour lesquelles il va se battre sur le terrain. Il y défend notamment la notion d'égalité entre les individus, et défend l'idée que la diversité de notre espèceespèce en fait une de nos richesses.

Par la suite, il publie d'autres livres de vulgarisation scientifique, souvent teintés de réflexions plus philosophiques. Certains de ses textes auront même une portée beaucoup plus politique. D'ailleurs, il s'y engage, en figurant sur les listes électorales lors d'élections législatives en 1986 et pour les européennes en 1999.

Il s'engage sur le terrain, en collaborant avec des associations dans la défense des plus démunis, pour l'égalité de tous, pour le droit au logement (il a d'ailleurs été nommé président d'honneur de l'association Droit au logement) ou les sans-papiers par exemple. Il défend aussi l'espéranto, car il veut une langue universelle pour tous. On le voit ainsi aux côtés de personnalités engagées telles que l'Abbé Pierre.

Il s’éteint le 11 septembre 2013, à l'âge de 87 ans, des suites d'une leucémie.