Une étude originale menée par des chercheurs de l'INRA et de la Faculté de médecine de Dijon, a permis de montrer l'importance de la petite enfance pour l'acquisition des préférences alimentaires.

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    Les préférences acquises à 2-3 ans se répercutent ultérieurement, même si une légère évolution apparaît, notamment après l'adolescence, pour certains aliments. Dans le contexte actuel d'augmentation de l'obésité, il est important d'acquérir des connaissances sur l'évolution des préférences individuelles et sur les déterminants de cette évolution. Peu de travaux pourtant y sont consacrés.

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    © INRA/C. Maître

    L'étude a permis de comparer, pour un grand nombre d'enfants et à long terme, les caractéristiques du comportement alimentaire. Les choix alimentaires de 418 enfants entre 2 et 3 ans ont été observés entre 1982 et 1999 dans un repas de crèche organisé en libre service, permettant ainsi d'évaluer préférences et répertoire alimentaires. Cette situation de choix en libre service constitue l'originalité de l'étude et son caractère unique. Les enfants ont été revus à un âge variant de 4 à 22 ans (82% de l'échantillon initial) ; leurs préférences et leur répertoire alimentaires actuels ont été évalués au moyen de questionnaires.

    Comment évoluent les préférences alimentaires ?

    Les choix à 2-3 ans sont un facteur prédictif des préférences ultérieures. Pour les fromages par exemple, un petit groupe d'enfants n'en consommaient pas du tout à 2-3 ans. Ils n'en consomment toujours pas quelques années plus tard. A l'inverse, les jeunes amateurs continuent à les apprécier au début de l'âge adulte...

    <br />Les chercheurs s'orientent vers l'étude de l'émergence des<br />préférences alimentaires avant 2 ans

    Les chercheurs s'orientent vers l'étude de l'émergence des
    préférences alimentaires avant 2 ans

    Cependant, certaines préférences évoluent avec l'âge, positivement (légumes cuits, crudités, fruits et plats composés) ou négativement (féculents, produits animaux chez les filles : viande, œufs, saucisses, poissonpoisson). Le cas des frites est intéressant : il figure parmi les choix les plus élevés à 2-3 ans, puis la préférence reste élevée mais diminue avec l'âge et elle est plus faible chez les filles. Les perceptions sensorielles évoluent au cours de l'enfance et de l'adolescence. Ceci pourrait expliquer en partie que les préférences puissent augmenter pour des aliments tels que des légumes acidesacides : tomatestomates, choucroute, etc.

    Le rôle de l'allaitement dans l'évolution du comportement alimentaire

    L'étude montre que les enfants qui ont été allaités plus longtemps ont des préférences plus stables et consomment une plus grande variété d'aliments, notamment une plus grande variété de légumes. Cet effet est peut-être lié à l'influence des flaveurs du lait, plus diversifiées dans le lait maternel que dans un lait industriel, ou à l'effet d'attitudes concernant l'alimentation infantile différentes chez les mères qui allaitent plus longtemps.

    Plus de légumes…..

    La faible valeur énergétique des légumes et leurs propriétés sensorielles peu attractives pour les enfants (acidité, amertume, texturetexture fibreusefibreuse) entraînent leur rejet chez le jeune enfant. Le fait d'expérimenter les légumes entre 2 et 3 ans influence les préférences (chez les filles) et la variété ultérieures. A partir de l'adolescence, l'information sur le bénéfice des légumes pour la santé influencerait leurs représentations ; ce qui aurait un effet positif sur les consommations.

    …. et moins de viande pour les filles

    La viande est bien acceptée dans l'enfance malgré les difficultés de mastication qu'elle implique ; son contenu protéique expliquerait cette forte préférence. Toutefois, cet attrait précoce pour la viande diminue chez les filles au moment de l'adolescence. Cette évolution est probablement liée à une évolution des représentations de la viande, et notamment à sa valeur symbolique associée à la force, valeur masculine. De plus, la viande est souvent perçue comme un aliment gras ce qui pourrait jouer négativement sur sa consommation.

    Pour prolonger les résultats de cette étude qui met en évidence le rôle de la petite enfance dans l'acquisition des comportement alimentaires, les travaux des chercheurs vont s'orienter maintenant vers l'étude de l'émergenceémergence des préférences alimentaires avant 2 ans, et des conséquences des pratiques alimentaires précoces comme le mode d'allaitementallaitement sur la recherche de variété alimentaire.