Cette orchidée ne fait pas confiance aux insectes ni aux oiseaux ; elle n'attend pas un souffle de vent salvateur ni ne secrète une substance visqueuse pour assurer sa pollinisation. Elle a recours à une technique acrobatique qui voit un appendice se déployer sur son organe mâle – l'anthère, décrire une boucle pour atteindre l'organe femelle - le stigmate - et assurer son auto-reproduction. Autant dire une performance dans le monde des angiospermes !

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    L'<em>Holcoglossum amesianum</em> n'hésite pas à faire décrire à son organe mâle<br />une rotation de 360 degrés pour parvenir à ses fins : la pollinisation ! <br />(Courtesy of LaiQiang Huang, Tsinghua University Graduate School at Shenzhen)

    L'Holcoglossum amesianum n'hésite pas à faire décrire à son organe mâle
    une rotation de 360 degrés pour parvenir à ses fins : la pollinisation !
    (Courtesy of LaiQiang Huang, Tsinghua University Graduate School at Shenzhen)

    L'Holcoglossum amesianum peuple les forêts de la province de Yunnan, en Chine. A l'image de nombreuses plantes à fleurs, cette orchidéeorchidée assure seule sa reproduction. Cependant, en s'y intéressant de plus près, l'équipe menée par LaiQiang Huang (université Tsungua à Shenzhen) à découvert un mode de pollinisation encore inconnu.

    En effet, sur les 1.911 spécimens observés par LaiQiang Huang, tous opéraient de la même façon : Dans un premier temps, l'orchidée ôte le chapeau recouvrant l'organe reproducteur mâle - l'anthèreanthère - et révèle de ce fait un appendice flexible qui présente à son extrémité deux poches de pollenpollen. L'appendice se tend puis se courbe pour contourner le rostellum et décrire une boucle périlleuse en direction de l'organe reproducteur femelle. Une fois parvenu à destination, il n'a plus qu'à déposer le pollen dans la cavité du stigmate.

    La fleur s'ouvre en vue de la pollinisation (image de gauche ) puis l'anthère ôte son "chapeau" (image de droite)

    La fleur s'ouvre en vue de la pollinisation (image de gauche ) puis l'anthère ôte son "chapeau" (image de droite)

    L'appendice et les deux poches de pollen se tendent vers l'avant (image de gauche) avant de se courber pour contourner le rostellum (image de droite)

    L'appendice et les deux poches de pollen se tendent vers l'avant (image de gauche) avant de se courber pour contourner le rostellum (image de droite)

    L'appendice achève sa boucle en direction du stigmate (gauche) et dépose le pollen dans la cavité (droite) <br />Voilà, mission accomplie !<br />(Courtesy of LaiQiang Huang Tsinghua University Graduate School at Shenzhen)

    L'appendice achève sa boucle en direction du stigmate (gauche) et dépose le pollen dans la cavité (droite)
    Voilà, mission accomplie !
    (Courtesy of LaiQiang Huang Tsinghua University Graduate School at Shenzhen)

    Cette nouvelle stratégie de pollinisation est exposée aujourd'hui dans la revue Nature. Elle se révèle payante puisqu'elle permet la formation d'un fruit dans 50% des cas.

    La plupart des orchidées font appel au ventvent, aux insectesinsectes ou aux oiseaux pour assurer leur pollinisation. Alors, pourquoi l'Holcoglossum amesianum a-t-elle recours à cette technique si originale ? Probablement parce que, dans les forêts où elle vit, le vent est faible et les insectes se font rares. En tout cas, il s'agit là d'une bien belle performance !