Dans un futur proche, les mammifères pourraient-ils arriver en tête de liste des espèces en voie de disparition ? C'est l'avis du biologiste Marcel Cardillo (Imperial College) et de ses collègues, qui ont dressé une carte des régions les plus susceptibles de voir la disparition de leurs mammifères.

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    Carte des régions à risque d'extinctions rapides de mammifères

    Carte des régions à risque d'extinctions rapides de mammifères

    A l'instar de nombreux mammifères, <br />le boeuf musqué, qui vit dans la toundra arctique du Canada, <br />pourrait être rapidement menacé<br /> (Crédits : www.aventurearctique.com)

    A l'instar de nombreux mammifères,
    le boeuf musqué, qui vit dans la toundra arctique du Canada,
    pourrait être rapidement menacé
    (Crédits : www.aventurearctique.com)

    Une ascension fulgurante des mammifères

    En 2000, le singe hurleur du Guatemala figurait en queue de peloton des espècesespèces en voie de disparition. Quatre années plus tard, il grimpait aux premières places. Les mammifèresmammifères actuellement non menacés auraient-ils tendance à passer plus rapidement au stade d'animaux en voie de disparition que les autres ? A cette question, Marcel Cardillo et son équipe répondent par l'affirmative. Dans un résumé de leurs travaux, disponible dans l'édition courante du Proceedings of the National Academy of Sciences, ils font remarquer que les facteurs de risque d'extinction des mammifères sont particulièrement nombreux, et qu'ils peuvent les faire bondir des dernières aux premières places en un temps record.

    Pour mener son étude, l'équipe a commencé par estimer les risques d'extinction d'un mammifère donné, en se basant sur les facteurs ayant déjà entraîné la disparition d'autres espèces :

    • Une zone géographique limitée et spécifique ;
    • Une grande taille ;
    • De longues périodes avant d'entrer à l'âge adulte et de se reproduire.

    En comparant ces facteurs de risque à ceux des animaux actuellement menacés (selon les critères de l'Union internationale pour la conservation de la nature), ils ont développé la notion de « risque d'extinction patent », et ont montré que si, pour certains mammifères, le danger n'est pas imminent, il pourrait très vite le devenir. D'autant plus que, si 10% de la surface de la Terre est couverte par des réserves naturelles, la majorité des mammifères évolue dans des régions non protégées.

    La carte des régions à risque

    Selon les résultats de leurs travaux, ce sont dans les régions d'Amérique du Nord et dans les îles des Océans Indien et Pacifique Sud que les mammifères accumulent le plus de risques d'extinction. La liste des espèces menacées est très diversifiée ; on y compte le rennerenne d'Amérique du Nord, le bœuf musqué, le « Flying Fox » (Epalzeorhynchus kallopterus), ainsi que les lémuriens de Madagascar. L'Europe et le Japon présentent, quant à eux, le danger le plus faible, en raison des siècles d'activité humaine et de la survie de très peu d'espèces à risque.

    Par cette étude, les biologistes comptent attirer l'attention des conservateurs sur la nécessité de prévenir la disparition future, et soudaine, des mammifères. Si ces espèces ne sont pas menacées pour l'instant, elles risquent de très rapidement le devenir. Et Marc Cardillo de rappeler qu'il vaut mieux prévenir que guérir...