Des équipes de l'INSERM et du CNRS (1), dirigées par Pierre Sokoloff (2), associées à l'hôpital de la Pitié-Salpétrière (3) et au Baylor College of Medicine (Houston, USA) viennent d'identifier le premier gène de tremblement essentiel, la plus fréquente pathologie du mouvement. Il s'agit d'une affection le plus souvent bénigne, attribuée à tort au vieillissement, mais qui peut être cause de handicap substantiel et pour laquelle il n'existe aucun traitement spécifique.

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    Le gène identifié par les chercheurs code pour le récepteur D3 de la dopamine (DRD3). Cette découverte permet d'ores et déjà de faire de ce récepteur une cible potentielle pour traiter cette pathologie.

    Le tremblement essentiel est une des maladies neurologiques les plus courantes. Héréditaire, elle est sous diagnostiquée, ce qui rend incertaine l'évaluation de sa prévalence. 5% des plus de 40 ans et 20% des plus de 65 ans seraient touchés. C'est un tremblement d'action, à la différence de la maladie de Parkinsonmaladie de Parkinson, moins fréquente et caractérisée par un tremblement de repos, une rigiditérigidité et un ralentissement des mouvementsmouvements. Le tremblement essentiel affecte le plus souvent les mains mais également la tête, la voix (qui devient "chevrotante"), ou d'autres parties du corps. Il apparaît parfois dès l'enfance, et peut alors compromettre l'apprentissage de l'écriture. Lorsque le tremblement survient avant 50 ans, il peut être "embarrassant" socialement et, dans les cas graves, conduire à une interruption prématurée de la vie professionnelle.

    Il n'existe à ce jour que des traitements symptomatiques du tremblement essentiel. Dans les cas graves, si les β-bloquants et les antiépileptiquesantiépileptiques s'avèrent insuffisamment efficaces, le recours à des thérapeutiques lourdes telles que la stimulationstimulation cérébrale profonde est nécessaire.

    Les chercheurs de l'équipe de Pierre Sokoloff ont étudié 30 familles affectées par la maladie, originaires de la région parisienne et de Champagne-Ardennes. Dans 23 familles, les auteurs ont montré que le tremblement essentiel est co-transmis avec une mutation du gène codant pour le récepteur D3 de la dopamine (DRD3), localisé sur le chromosomechromosome 3. Dans les 7 familles restantes, cette mutation n'est pas présente, mais une autre région chromosomique serait impliquée. L'association du tremblement essentiel avec la mutation du DRD3 a été confirmée dans un large échantillon américain, collecté au Baylor College of Medicine.

    Les patients homozygoteshomozygotes, porteurs de deux exemplaires du gène mutés, sont plus gravement atteints que les hétérozygoteshétérozygotes : le tremblement survient plus précocement avec des symptômessymptômes de plus grande intensité.

    L'analyse précise du gène a montré que la mutation change l'acide aminéacide aminé sérinesérine en glycineglycine dans la partie N-terminale du récepteur DRD3. Le récepteur muté est hyperactif : il est plus sensible à la dopamine et induit des réponses intracellulaires plus intenses ou plus durables. Des produits allant à l'encontre de l'activité de ce récepteur sont en cours de développement dans plusieurs laboratoires pharmaceutiques et permettent d'ores et déjà d'envisager un traitement thérapeutique du tremblement essentiel.

    Notes :
    1) Unité Inserm 573 "Neurobiologie et pharmacologie moléculaire"
    2) Directeur de recherche au CNRS, Centre de neurogénétique moléculaire.
    3) Laboratoire de génétiquegénétique moléculaire

    Références :
    "A functional variant of the dopamine D3 receptor is associated with risk and age-at-onset of essential tremor"
    Freddy Jeanneteau(1), Benoît Funalot1, Joseph Jankovic2, Hao Deng(2), Jean-Pierre Lagarde(3), Gérard Lucotte(4) & Pierre Sokoloff(1). PNAS, 29 juin 2006

    1) INSERM Unité 573, Centre Paul Broca, 75014 Paris
    2) Baylor College of Medicine, Houston, TX 77030, USA
    3) Laboratoire de Génétique Moléculaire, Hôpital de la Pitié-Salpétrière 75013 Paris
    4) Centre de Neurogénétique, 75005 Paris.
    Proc. Natl. Acad. Sci. USA, 2006, 103:10753-10758

    Contacts :

    Contact chercheur :

    Pierre Sokoloff, CNRS
    INSERM U 573 "Neurobiologie et Pharmacologie Moléculaire"
    Tel : 05 63 71 42 65
    [email protected]

    Contacts presse :

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    01 44 96 46 06
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