Les interventions nutritionnelles sont des outils non pharmacologiques intéressants pour le traitement de la maladie d'Alzheimer. Après analyse de 38 études, des chercheurs chinois suggèrent qu’une alimentation « saine » pourrait ralentir la progression de la neurodégénérescence et améliorer les fonctions cognitives ainsi que la qualité de vie des patients qui en sont atteints.


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    La maladie d'Alzheimer est une maladie neurodégénérative progressive qui se caractérise par un déclin des capacités cognitives et fonctionnelles, une perte épisodique de la mémoire et du langage, ainsi que par des symptômes neuro-psychiatriques et un décès prématuré. À ce jour, il n'existe pas de solution efficace contre cette maladie et des traitements pharmacologiques sont même parfois à l'origine d'effets indésirables qui peuvent aggraver la situation du patient.

    L’intérêt de l’approche nutritionnelle

    Des recherches récentes ont montré que l'adoption de certaines mesures peut présenter des bienfaits, et en particulier l'approche nutritionnelle. Bien sélectionnés, les aliments seraient capables de ralentir la progression de la neurodégénérescence, d'améliorer les fonctions cognitives et la qualité de vie des patients atteints par Alzheimer. Ainsi, une consommation élevée d'aliments d'origine végétale, de probiotiques, de noixnoix et d'acides gras oméga-3oméga-3, ainsi qu'une faible consommation de graisses saturées (que l'on retrouve dans le beurre, le lait, les produits laitiers et la viande), de protéinesprotéines d'origine animale et de sucres raffinés peuvent diminuer le risque de démencedémence.

    La nouvelle recherche publiée dans Frontiers in Neuroscience est un examen systématique de l'association entre les interventions nutritionnelles et la maladie d'Alzheimer. Elle a identifié 38 études publiées entre 2018 et 2022, dont des essais cliniquesessais cliniques randomisés, des revues systématiques et des méta-analysesméta-analyses.

    Parmi toutes les démences, on estime que la maladie d'Alzheimer occupe une fréquence comprise entre 60 et 80 %, ce qui en fait la forme de démence la plus courante. © Lightfields Studios, Adobe Stock
    Parmi toutes les démences, on estime que la maladie d'Alzheimer occupe une fréquence comprise entre 60 et 80 %, ce qui en fait la forme de démence la plus courante. © Lightfields Studios, Adobe Stock

    Choisir le bon régime à adopter

    L'analyse montre qu'« un régime alimentaire malsain, tel qu'un régime riche en graisses avec une charge glycémique élevée et un taux de cholestérolcholestérol élevé ou un régime occidental, est un facteur de risquefacteur de risque important dans la progression de la maladie car il augmente les réserves de peptide Aβ et d'autres biomarqueurs de la neurodégénérescence dans la maladie d'Alzheimer ». Le régime alimentaire occidental augmente également les niveaux d'inflammationinflammation.

    Au contraire, un régime alimentaire sain a des effets neuroprotecteurs sur la préventionprévention d'Alzheimer, tels que le régime méditerranéen, le régime cétogènerégime cétogène, la supplémentation en acides gras oméga-3 et en probiotiques :

    • Le régime méditerranéenrégime méditerranéen améliore les résultats cognitifs, augmente le volumevolume de matièrematière grise, améliore la mémoire et diminue son déclin.
    • Le régime cétogène (riche en graisses et pauvre en sucressucres) réduit le stress oxydatifstress oxydatif et l'inflammation, ainsi que les effets négatifs de l'altération du métabolismemétabolisme du glucoseglucose dans le cerveaucerveau. Il peut également améliorer la mémoire verbale, l'attention et la fonction cognitive globale. Cependant, l'adoption du régime doit être contrôlée par un diététiciendiététicien.
    • Des niveaux adéquats d'acides gras oméga-3 sont associés à un ralentissement du déclin cognitif et à une réduction du risque de démence.

    En outre, il est intéressant d'apporter suffisamment d'antioxydantsantioxydants (comme la vitamine Evitamine E) car la maladie d'Alzheimer présente des niveaux élevés de stress oxydatif. Des faibles niveaux de vitamine D sont associés à des scores de performance cognitive moins élevés.

    Toutefois, l'étude montre que les interventions nutritionnelles ne sont efficaces que chez les patients atteints d'une forme légère ou modérée de la maladie d'Alzheimer. D'après les auteurs, davantage d'études de bonne qualité méthodologique sont nécessaires pour tirer des conclusions plus nettes.


    MIND : un nouveau régime contre Alzheimer ?

    Article de Marie-Céline RayMarie-Céline Ray, publié le 25 mars 2015

    Le régime MIND qui associe un régime méditerranéen à un régime DASH (préconisé contre l'hypertensionhypertension) réduirait le risque de maladie d'Alzheimer, même s'il n'est pas suivi à la lettre. Preuve qu'il est possible de réduire certains risques grâce à une alimentation saine.

    Le régime MIND, acronyme pour Mediterranean-DASH Intervention for Neurodegenerative Delay est un hybridehybride entre un régime méditerranéen et un régime DASH (Dietary Approches to Stop Hypertension). Ces deux régimes réduisent le risque de maladies cardiovasculaires (hypertension, crise cardiaquecrise cardiaque ou AVCAVC) mais aussi celui de démences, d'où l'idée de les associer.

    Dans un article paru dans la revue Alzheimer’s & Dementia : The Journal of the Alzheimer’s Association, des chercheurs ont étudié les relations entre l'alimentation et la maladie d’Alzheimer. Pour cela, ils ont réalisé une étude prospective portant sur 923 participants âgés de 58 à 98 ans, suivis en moyenne pendant 4-5 ans et qui faisaient partie de l'étude Rush Memory and Aging Project. L'équipe a recensé 144 cas de maladie d'Alzheimer dans cette cohortecohorte.

    Grâce à des questionnaires alimentaires, les scientifiques ont évalué si les participants avaient une alimentation plus ou moins proche d'un régime méditerranéen, d'un régime DASH ou d'un régime MIND. À chaque fois, ils ont séparé les participants en trois « tertiles » : les 33 % adhérant le plus au régime (tertile supérieur), les 33 % adhérant le moins au régime (tertile inférieur), et ceux qui étaient entre les deux.

    Les baies sont bénéfiques à la santé du cerveau. C'est le seul fruit préconisé dans le régime MIND. © Swong95765, flickr, CC by 2.0
    Les baies sont bénéfiques à la santé du cerveau. C'est le seul fruit préconisé dans le régime MIND. © Swong95765, flickr, CC by 2.0

    MIND associé à une réduction de l’incidence de la maladie d’Alzheimer

    Pour le régime MIND, par rapport au tertile qui adhérait le moins au régime, le tertile « du milieu » réduisait son risque d'Alzheimer de 35 % et le tertile qui adhérait le plus au régime de 53 %. Pour les deux autres régimes, il fallait être dans le tertile qui adhérait le plus au régime pour voir un effet : -39 % de risque avec le régime DASH et -54 % pour le régime méditerranéen. Mais il n'y avait pas d'effet important pour les personnes des tertiles intermédiaires.

    Pour Martha Morris, épidémiologiste et principale auteur de cet article, « l'une des choses les plus intéressantes à ce propos est que les personnes qui adhéraient même modérément au régime MIND avaient une réduction de leur risque de maladie d'Alzheimer. Je pense que cela motivera les gens ». Elle souligne aussi que plus une personne suit le régime MIND longtemps, moins elle risque de développer la maladie d'Alzheimer.

    D'après Martha Morris, le régime MIND serait plus facile à suivre que le régime méditerranéen qui nécessite la consommation quotidienne de poissonpoisson et trois à quatre portions de fruits et légumes par jour. Avec le régime MIND, il faut privilégier les aliments de dix groupes protecteurs pour le cerveau (légumes à feuilles vertes, autres légumes, noix, baies, haricots, céréalescéréales complètes, poissons, volailles, huile d'olive et vin) et limiter ses apports en aliments provenant de cinq autres groupes jugés « peu sains » : viandes rouges, pâtisseries et sucreries, beurre ou margarine, fromage, fast food ou aliments frits.