La start-up Biotech a annoncé dans la presse régionale les résultats encourageants obtenus avec son vaccin thérapeutique contre le VIH. Mais la communauté scientifique attend toujours la publication de ces travaux dans une revue à comité de lecture.


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    Combattre le VIH grâce à un vaccin, de nombreuses équipes de recherche y pensent... En effet, si les trithérapies actuelles contre le VIH permettent d'obtenir une charge virale indétectable dans le sang, des cellules « réservoirs » restent infectées par le virus. Si le patient arrête son traitement, il prend le risque que la virémie reparte à la hausse. L'objectif d'un vaccin thérapeutique contre le VIH pourrait donc être de rendre le patient séronégatifséronégatif par « rétro-séroconversion ». Le seul cas connu à ce jour de rétro-séroconversion est celui de Timothy Brown, « le patient de Berlin », qui a reçu une greffegreffe de moelle osseusemoelle osseuse après une leucémieleucémie.

    Le vaccin anti-VIH développé par Biosantech cible Tat, une protéineprotéine produite par les cellules infectées par le virus VIH. Tat est une protéine exprimée aux premiers stades de l'infection. Les traitements antirétroviraux ne bloquent pas la sécrétionsécrétion de Tat. Un variant de la protéine Tatprotéine Tat, appelé Tat OYI, a été isolé chez une patiente gabonaise porteuse du virus VIH mais en bonne santé. Tat OYI possède des mutations qui n'avaient pas été observées dans d'autres variants ; il permettrait une bonne réponse immunitaireréponse immunitaire, d'où l'idée de l'utiliser pour un vaccin.

    Différentes approches ont été utilisées pour obtenir un vaccin contre Tat et l'essai cliniqueessai clinique de Biosantech utilise le variant Tat OYI. Des expériences chez des lapins immunisés avec Tat OYI ont montré la production d’anticorps reconnaissant non seulement Tat OYI mais aussi des variants de Tat d'autres sous-types de VIH. De plus, un vaccin Tat OYI a permis une protection chez des macaques.
     

    Avec la trithérapie, la virémie peut fortement diminuer. Mais le virus est toujours présent dans des cellules réservoirs. © ktsdesign, Shutterstock
    Avec la trithérapie, la virémie peut fortement diminuer. Mais le virus est toujours présent dans des cellules réservoirs. © ktsdesign, Shutterstock

    Le vaccin Tat OYI rend le virus indétectable chez trois patients

    Après avoir été testé chez l'animal, le vaccin a commencé à être évalué chez l'Homme en 2013. L'essai clinique a été mené à Marseille sous la direction d'Isabelle Ravaux. 48 patients infectés depuis plus de dix ans ont participé. Ils ont été répartis en quatre groupes : un groupe placeboplacebo (12 patients) et trois groupes testant différentes doses de vaccin. La trithérapietrithérapie a été interrompue pour voir la réaction du virus.

    Les résultats présentés à la presse par Biosantech et le chercheur Erwann Loret indiquent que le candidat vaccin  a permis d'atteindre un niveau indétectable du virus chez des patients séropositifsséropositifs. D'après le chercheur, « on fait gagner 70 ans de trithérapie aux patients ». Les résultats devraient être publiés prochainement dans la revue Retrovirology. D'après le communiqué de presse de l'entreprise, chez trois patients, l'ADNADN viral était indétectable 24 mois après l'injection avec 33 µg de vaccin. Le but poursuivi est d'éliminer les cellules réservoirs et donc de traiter la maladie en combinant le vaccin à la trithérapie.

    Mais la communauté scientifique reste réservée sur ces résultats. L'annonce faite dans un quotidien régional (La Provence) a de quoi surprendre. La start-upstart-up n'en est pas à son premier coup d'éclat : en octobre 2015, elle présentait déjà ses résultats encourageants à la presse, sans aucune publication scientifique officielle à l'appui.

    Alors s'agit-il vraiment d'une avancée scientifique majeure ou bien d'une simple opération de communication destinée à rassurer des investisseurs ou un industriel potentiel ? La start-up qui a levé des fonds par InternetInternet avec le crowdfunding serait en recherche de partenaires, comme l'expliquait L'Usine Nouvelle en novembre dernier. L'entreprise a pour projet de réaliser un essai de plus grande envergure en 2016 pour demander une autorisation de mise sur le marché en 2018.