Passer tous les ans une radiographie des dents peut multiplier les risques de développer un méningiome, une tumeur du cerveau, bénigne mais pas toujours sans conséquences. La corrélation est la plus forte chez les enfants de moins de 10 ans. Si les chercheurs à l'origine de cette découverte ne discutent pas de l’utilité des rayons X, ils appellent malgré tout à les utiliser avec parcimonie.

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    Le méningiome est la tumeur primaire du cerveau la plus souvent rencontrée. La plupart du temps, il est bénin (non cancéreux), ce qui ne signifie pas qu'il est dénué de risques. Il se développe au niveau des méninges, l'enveloppe protectrice du cerveau, et peut, en grossissant, compresser l'encéphaleencéphale et entraîner des complications voire la mort. 

    L'environnement pouvant être source de tumeur, des chercheurs de l'université de Yale ont cherché à voir s'il existait un lien entre les radiographiesradiographies des dents (examen médical à base de rayons ionisants le plus souvent pratiqué) et le développement des méningiomes. Et la corrélation entre les deux événements a été établie ! Les résultats sont publiés dans la revue Cancer.

    Les radiographies panoramiques pires que les bitewing

    Pour mener leurs investigations, les chercheurs ont recueilli des données entre 2006 et 2011 auprès de 1.433 patients américains, âgés de 20 à 79 ans, chez qui un méningiome a été diagnostiqué. En parallèle, 1.350 personnes, ayant les mêmes caractéristiques à l'exception de la tumeur au cerveau, ont servi de groupe témoin.

    Il s'avère que les individus ayant subi tous les ans des examens radiographiques des dents sont plus susceptibles que les autres de développer ces tumeurs bénignes. La prévalenceprévalence dépend quant à elle du type d'examen dentaire pratiqué et de l'âge du patient.

    Cette radiographie laisse apparaître une grosseur (en blanc). Il s'agit d'un méningiome, une tumeur du cerveau, le plus souvent bénigne. Cependant, on voit clairement que les tissus cérébraux sont comprimés à cause de la tumeur. Ceci peut avoir des conséquences importantes sur la santé et il faut retirer la grosseur. © Lange123, Wikipédia, DP

    Cette radiographie laisse apparaître une grosseur (en blanc). Il s'agit d'un méningiome, une tumeur du cerveau, le plus souvent bénigne. Cependant, on voit clairement que les tissus cérébraux sont comprimés à cause de la tumeur. Ceci peut avoir des conséquences importantes sur la santé et il faut retirer la grosseur. © Lange123, Wikipédia, DP

    Les radiographies bitewing, qui permettent de regarder l'état de la couronne des dents postérieures et leur imbrication dans la mâchoire, sont associées à une augmentation des risques de l'ordre de 40 à 90 %. Les radiographies panoramiques, qui donnent une vision d'ensemble des mâchoires et des dents, semblent plus dangereuses : entre 2,7 et 3 fois plus de probabilité de développer un méningiome.

    Ce sont surtout les individus les plus jeunes qui s'exposent aux plus grands risques. Pour les enfants de moins de 10 ans soumis annuellement à des radiographies panoramiques, la fréquence des méningiomes est 4,9 fois plus importante que pour le groupe témoin.

    Des tumeurs au cerveau pas si fréquentes

    Cependant, comme le rappelle dans le Telegraph Paul Pharoah, un spécialiste de l'épidémiologie du cancercancer de l'université de Cambridge, il faut modérer ces données et les mettre en perspective de la réalité. Si le scientifique ne nie pas la pertinence et la significativité des résultats, il rassure en précisant que « la maladie étant rare, l'augmentation absolue du risque est infime », précisant que sur un échantillon de 10.000 personnes, cela concernera 7 patients supplémentaires (22 au lieu de 15). 

    Il ajoute : « Les individus qui ont fait des radiographies de leurs dents ne doivent pas s'inquiéter à propos de leur santé à cause des rayons X reçus. Néanmoins, ces examens doivent être pratiqués en cas de besoin clinique, pour éviter des expositions inutiles aux rayonnements ionisants ».

    Cette dernière phrase s'accorde parfaitement avec les propos d'Elizabeth Claus, l'un des auteurs de ce travail, qui espère que l'étude amènera à « accroître la sensibilisation concernant l'utilisation optimale des rayons X ». Si l'utilité de ces radiographies n'est pas remise en question, les chercheurs estiment qu'il est peut-être nécessaire de réévaluer les raisons qui poussent à pratiquer de tels examens dentaires.