Selon une étude américaine, un taux sanguin de calcium élevé induirait, chez l'homme, un risque plus grand d'apparition d'un cancer de la prostate. L'explication physiologique manque mais ce résultat est considéré comme une bonne nouvelle...

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    Le lait : faudrait-il ne pas en abuser ? © Pedro Moura Pinheiro / Flickr - Licence Creative Common (by-nc-sa 2.0)

    Le lait : faudrait-il ne pas en abuser ? © Pedro Moura Pinheiro / Flickr - Licence Creative Common (by-nc-sa 2.0)

    Les hommes dont la calcémie (quantité de calciumcalcium dans le sérum sanguin) atteint les valeurs les plus élevées de la fourchette considérée comme normale présenteraient un risque trois fois plus grand de développer un cancer de la prostate. C'est le résultat d'une étude qui vient d'être publiée dans la revue Cancer Epidemiology, Biomarkers & Prevention et signée par deux médecins américains, Halcyon Skinner (épidémiologiste à l'université de Wisconsin-Madison) et Gary Schwartz (cancérologuecancérologue de l'université Wake Forest).

    La conclusion s'appuie sur l'analyse des dossiers médicaux de 2.814 hommes suivis dans le cadre d'une étude à long terme (National Health and Nutrition Examination Survey). Parmi eux, les deux médecins ont repéré 85 cas de cancers de la prostate et 25 décès dus à cette maladie. Pour ces patients, la calcémie avait été mesurée bien avant la détection de la tumeur, une dizaine d'années en moyenne.

    Etude à confirmer

    L'étude conclut à une corrélation significative entre calcémie et cancer. Les chercheurs ont considéré trois groupes selon la teneur sanguine en calcium. Dans celui présentant la calcémie la plus élevée (99 à 105 mg/l, le maximum considéré comme non pathologiquepathologique étant de 105 mg/l), le nombre de cancers était 2,7 fois supérieur à celui observé chez le groupe où la calcémie est la plus faible. Présenter un fort taux de calcium dans le sang ou avoir un parent proche ayant développé un cancer de la prostate induirait alors un risque du même ordre.

    Avec 25 décès pris en compte, l'étude manque un peu d'assise statistique mais les auteurs soulignent que ces résultats viennent conforter des observations existantes. On savait déjà que les cellules tumorales du cancer de la prostate possèdent un nombre anormalement élevé de récepteurs sensibles au calcium ainsi qu'à l'hormone parathyroïdienne. Produite par la glande du même nom, cette dernière régule la quantité de calcium dans le sang, un paramètre physiologique très important. On sait également que l'hypercalcémiehypercalcémie est souvent liée à des cancers, et notamment à des métastasesmétastases osseuses. Par ailleurs, plusieurs études (dont Epic, sur 142.251 hommes européens) ont montré qu'une forte consommation de laitages augmente le risque d'un cancer de la prostate.

    Mais le mécanisme précis qui relierait la calcémie au cancer de la prostate reste inconnu. Il pourrait s'agir, à l'inverse, d'un effet secondaire si la cause était à rechercher du côté de l'hormone parathyroïdienne. Même sans tout comprendre des phénomènes en jeu, ces résultats, s'ils se confirment, pourraient cependant se révéler exploitables. En effet, il existe des médicaments capables de réduire la calcémie ou la quantité d'hormone parathyroïdienne et un traitement préventif ou très précoce est peut-être envisageable. Il faudra tout de même des études complémentaires pour vérifier cette possibilité...