Comme tous les nouveaux parents le savent, les nouveau-nés sont particulièrement sensibles aux infections. Dans une étude récente, des chercheurs ont montré que le corps mettait en place cette vulnérabilité délibérément. Pourquoi ? Tout simplement pour permettre aux microbes bénéfiques de coloniser facilement ce nouvel être. En comprenant mieux comment cela se produit, les chercheurs pourraient mettre en place de meilleurs traitements pour lutter contre les maladies des tout-petits.

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    Lorsqu'il baigne dans le ventre de sa mère, le fœtus est stérile, ce qui signifie qu'il n'a jamais rencontré de microbes. Mais dès qu'il traverse le vagin et qu'il rejoint le monde extérieur, il n'y a pas que ses parents qui lui tendent les bras. Des milliards de microbesmicrobes, bactéries, virus et champignonschampignons en tout genre le prennent d'assaut et pénètrent dans son organisme.

    Comment le système immunitaire affronte-t-il cette invasion soudaine ? Cette question intrigue les scientifiques depuis de nombreuses années. Des chercheurs du Cincinnati Children's Hospital Medical Center en Ohio (États-Unis) viennent enfin apporter des éléments de réponses. Leurs résultats sont publiés dans Nature.

    Au cours de cette étude, les auteurs ont comparé les cellules du sang de souris de six jours avec celles de souris adultes. Ils ont montré que les jeunes souris possédaient un plus grand nombre de réticulocytes, les cellules à l'origine des globules rouges. Ces réticulocytes peuvent facilement être identifiés, car ils possèdent un récepteur de surface appelé CD71. Ils sont capables de limiter les réactions immunitaires grâce à la production d'une protéine appelée arginase.

    Des milliards de microbes s’installent dans les intestins après la naissance. Pour favoriser leur implantation, le corps peut limiter la réponse immunitaire. © Eric Erbe, Wikimedia Commons, DP

    Des milliards de microbes s’installent dans les intestins après la naissance. Pour favoriser leur implantation, le corps peut limiter la réponse immunitaire. © Eric Erbe, Wikimedia Commons, DP

    Globules rouges immatures qui contrôlent la flore intestinale

    Pour tester le rôle des réticulocytes dans l'immunitéimmunité, les chercheurs les ont éliminés du sang de jeunes souris. Pour ce faire, ils leur ont injecté des anticorpsanticorps capables de détruire les cellules possédant le récepteur CD71. Ils ont ensuite infecté ces rongeursrongeurs sans réticulocytes avec Listeria monocytogenes, une bactérie quasiment inoffensive chez l'adulte, mais capable d'entraîner des problèmes sérieux chez le nourrisson et le fœtusfœtus.

    Les résultats ont été à la hauteur de leurs espérances : les jeunes souris modifiées ont pu résister à l'infection. En revanche, elles ont aussi développé une maladie inflammatoire intestinale lors de l'implantation de la flore digestive. Selon Ofer Levy, pédiatrepédiatre à l'hôpital des enfants de Boston, les réticulocytes sont probablement nécessaires pour réduire l'inflammationinflammation. « S'ils n'existaient pas, les nouveau-nés ne pourraient pas survivre longtemps. »

    Les chercheurs ont voulu aller un peu plus loin et ont analysé des échantillons de sang provenant du cordon ombilical. Comme c'est le cas chez les jeunes souris, ces prélèvements contenaient un taux élevé de réticulocytes par rapport à celui trouvé chez les adultes. Cependant, de nouvelles études sont nécessaires pour prouver que le phénomène est semblable chez l'Homme et chez la souris.

    Manipuler la réponse immunitaire chez les nourrissons

    Dans le futur, les scientifiques voudraient mettre au point une méthode pour moduler la réponse immunitaire des bébés afin de lutter contre les infections. Comme le souligne Ofer Levy, la tâche risque d'être délicate : « l'écosystèmeécosystème microbien est étroitement lié avec le système immunitairesystème immunitaire, et il sera probablement difficile de modifier l'un sans toucher à l'autre ».

    Les bébés prématurés sont parfois touchés par une maladie appelée entérocolite nécrosante, qui affecte les intestins. Les scientifiques pensent qu'ils ne possèdent pas encore la flore intestinale requise pour digérer le lait. Il est possible que leurs réticulocytes ne soient pas encore suffisamment actifs pour limiter la réponse immunitaire, et ainsi permettre l'installation du microbiotemicrobiote intestinal. En stimulant l'activité de ces cellules chez ces bébés, les médecins pourraient limiter cette pathologiepathologie.

    À l'inverse, dans certaines autres situations, où le système immunitaire de l'enfant est déficient, les scientifiques pourraient inhiber ces réticulocytes. Dans les pays pauvres, les bébés naissent parfois trop faibles pour pouvoir être vaccinés. BoosterBooster leur immunité pourrait peut-être permettre de sauver certains d'entre eux confrontés à des maladies infectieuses.