Les sujets dépressifs ont des télomères plus courts que les personnes en bonne santé mentale. Voilà qui confirmerait de précédents résultats sur la longueur de ces terminaisons chromosomiques comme biomarqueurs pour le stress. Mais cela pose aussi la question de l’effet du mal-être sur l’espérance de vie.

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    La dépression est devenue un terme de psychologie à partir du XIXe siècle pour caractériser les troubles de l'humeur. Les symptômes sont divers, mais les plus fréquents concernent un manque d'espoir et de confiance en soi. © Brian Mcentire, Fotolia

    La dépression est devenue un terme de psychologie à partir du XIXe siècle pour caractériser les troubles de l'humeur. Les symptômes sont divers, mais les plus fréquents concernent un manque d'espoir et de confiance en soi. © Brian Mcentire, Fotolia

    Derrière un nom barbare se cache un composant important du corps humain. L'axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien, composé de deux glandes endocrines situées dans le cerveau (hypothalamus et hypophyse) et d'une troisième qu'on retrouve juste au-dessus des reins (glandes surrénales), joue un rôle fondamental dans la régulation du stress, en sécrétant une hormone appelée cortisolcortisol.

    Des études précédentes ont montré que les dérégulations de l'axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien, parmi lesquelles la dépression, affectaient la longueur des télomèrestélomères, en les raccourcissant. Les télomères sont des brins d'ADNADN non codants qui composent l'extrémité des chromosomeschromosomes et qui les préservent de pertes de données génétiquesgénétiques.

    Des chercheurs suédois de l'université d’Umeå ont voulu se pencher sur les relations entre la longueur des télomères et les facettes biologiques et physiologiques du stressstress chez des patients dépressifs. Leurs résultats sont publiés dans Biological Psychiatry.

    Ces chromosomes humains, en gris, sont tous dotés de télomères, en blanc sur cette image. Ces régions de l'ADN sont hautement répétitives et non codantes. Lors de chaque division, elles s'érodent petit à petit, ce qui conduit à terme au vieillissement cellulaire. ©<em> U.S. Department of Energy Human Genome Program</em>, Wikipédia, DP

    Ces chromosomes humains, en gris, sont tous dotés de télomères, en blanc sur cette image. Ces régions de l'ADN sont hautement répétitives et non codantes. Lors de chaque division, elles s'érodent petit à petit, ce qui conduit à terme au vieillissement cellulaire. © U.S. Department of Energy Human Genome Program, Wikipédia, DP

    Plus de déprime, moins de télomère

    Pour cela, ils ont commencé à mesurer la longueur des télomères chez 91 patients souffrant de dépression, et l'ont comparée avec celle obtenue chez 451 sujets témoins. En parallèle, le niveau de stress a également été estimé, en relevant d'une part les concentrations en cortisol, et d'autre part en soumettant les volontaires à un questionnaire.

    Les télomères sont bien plus courts chez les personnes atteintes de troubles dépressifs que chez les sujets en bonne santé, ce qui vient confirmer les résultats des études précédentes. Mikael Wikgren, l'un des auteurs de l'étude, précise les résultats. « Nos découvertes suggèrent que le stress joue un rôle important dans la dépression, puisque les télomères étaient particulièrement courts chez les patients présentant un axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien sensible. »

    Dépression et vieillissement accéléré : faut-il y voir un lien ?

    À la lecture de ces résultats, on est facilement tenté de faire le lien entre la dépression et l'espérance de vie, que les auteurs n'évoquent pas. En effet, plusieurs travaux ont montré que le vieillissement se manifestait notamment par une réduction de la longueur des télomères. Certains scientifiques prétendent même pouvoir définir la durée de l’existence à partir d’un simple test sanguin.

    On sait que les personnes dépressives ont une duréedurée de vie plus courte, mais ces chiffres sont faussés par le taux de suicide de cette population. Peut-on aussi imputer cela à la physiologie ?