Les probiotiques agissent sur l’équilibre de la flore intestinale et nous aident à lutter contre les infections alimentaires. Mais quel est le mécanisme qui se cache derrière cette « bioprotection » ? Une équipe britannique apporte des éléments de réponse.

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    Lactobacillus rhamnosus (à gauche) et L. paracasei (à droite) sont deux bactéries répandues dans les produits lactés. Elles peuvent entrer dans la composition de probiotiques. © Nestlé

    Lactobacillus rhamnosus (à gauche) et L. paracasei (à droite) sont deux bactéries répandues dans les produits lactés. Elles peuvent entrer dans la composition de probiotiques. © Nestlé

    Notre système digestif est le lieu idéal pour de nombreux micro-organismes. On estime en effet que près de 500 espècesespèces de bactéries cohabitent dans nos intestins. En retour, cette flore intestinale nous aide dans les processus de digestion. Mais son rôle ne s'arrête pas là : elle nous permet également de lutter plus efficacement contre les infections alimentaires.

    Au cours d'un traitement antibiotique, nos bactéries intestinales sont amoindries, et il n'est pas rare de souffrir de troubles digestifs. Pour lutter contre ce problème, des médicaments probiotiques, c'est-à-dire des micro-organismes vivants, sont souvent prescrits. Ces probiotiques sont généralement des bactéries lactiques, hôtes naturels de la flore intestinale, et ont des effets positifs sur la santé. Mais comment ces bactéries agissent-elles et comment combattent-elles les agresseurs ? C'est la question que s'est posée une équipe de l'Institute for Food Research au Royaume-Uni. Leurs travaux ont été publiés dans la revue Plos One.

    Les bactéries du genre <em>Clostridium</em> sont anaérobies. Elles sont très résistantes, car elles sont capables de former des spores. <em>Clostridium perfringens</em> est responsable de nombreuses infections alimentaires. © Marco Tolo, Wikimedia Commons, cc by sa 3.0
     
    Les bactéries du genre Clostridium sont anaérobies. Elles sont très résistantes, car elles sont capables de former des spores. Clostridium perfringens est responsable de nombreuses infections alimentaires. © Marco Tolo, Wikimedia Commons, cc by sa 3.0

    Précédemment, les auteurs avaient montré que des poussins recevant des probiotiques à base de Lactobacillus johnsonsii étaient protégés contre les infections alimentaires causées par la bactérie Clostridium perfringens. Cette bactérie est pathogènepathogène pour les poules et cause également de nombreuses infections alimentaires chez l'Homme.

    Une capsule pour mieux combattre les pathogènes

    Quel est le mécanisme d'action de ces probiotiques ? En l'observant de plus près, les auteurs se sont rendu compte que Lactobacillus johnsonsii formait autour d'elle un manteaumanteau composé de sucressucres extracellulaires appelé capsule. Cette dernière aiderait la bactérie à s'installer dans le tube digestiftube digestif, et empêcherait le développement ultérieur de pathogènes comme Clostridium perfringens. La capsule bactérienne aurait en effet un double rôle : d'une part protéger contre les attaques acidesacides de l'estomacestomac et les acides biliaires, et d'autre part attacher des bactéries les unes aux autres pour former des communautés bactériennes appelées biofilms.

    Selon Arjan Narbad, principal auteur de la publication, « la prochaine étape est de comprendre quand et comment la capsule est fabriquée ». Cette étude est destinée à produire un probiotique pour lutter contre les infections alimentaires chez la poule et pour diminuer l'utilisation d'antibiotiquesantibiotiques. Elle pourrait également permettre le développement de nouveaux médicaments probiotiques chez l'Homme.