Les investigations sur le nouveau coronavirus venu du Moyen-Orient continuent d’avancer. Des chercheurs ont identifié des anticorps dirigés contre ce virus chez plusieurs espèces de dromadaires, ce qui suggère qu’ils peuvent en être porteurs. Reste à le prouver formellement, et à déterminer comment la transmission du dromadaire à l’Homme se produit.

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    Selon cette étude, les dromadaires pourraient être porteurs du MERS-CoV. Les auteurs doivent maintenant comparer ce virus et celui présent chez l’Homme, et étudier le mécanisme de transmission. © ArloMagicMan, Flickr, cc by nc 2.0

    Selon cette étude, les dromadaires pourraient être porteurs du MERS-CoV. Les auteurs doivent maintenant comparer ce virus et celui présent chez l’Homme, et étudier le mécanisme de transmission. © ArloMagicMan, Flickr, cc by nc 2.0

    Depuis son apparition chez l'Homme en avril 2012, le coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS-CoVMERS-CoV) continue de se propager. Le 1er août dernier, trois nouveaux cas se sont ajoutés à la liste noire, qui compte désormais 94 sujets infectés dont 46 morts, selon l'Organisation mondiale de la santéOrganisation mondiale de la santé (OMS). Comme son nom l'indique, ce virus touche majoritairement le Moyen-Orient, et en particulier l'Arabie Saoudite. Les malades souffrent en général de problèmes respiratoires aigus et d'insuffisances rénales souvent mortels, puisque le taux de létalité est pour le moment proche de 50 %. Heureusement, le MERS-CoV serait beaucoup moins infectieux que son cousin le Sras, qui a pour sa part touché environ 8.000 personnes et en a tué près de 700.

    Les scientifiques de par le monde scrutent ce nouveau coronavirus sous tous les angles afin de trouver une parade contre l'infection. Une des questions en suspens est celle de l'origine du virus. Les chercheurs soupçonnent les chauves-souris d'être les principaux animaux porteurs du MERS-CoV. En effet, comme le Sras, ce coronavirus est génétiquement proche de ceux retrouvés chez ces animaux. Cependant, on estime que la transmission à l'Homme s'est faite par des hôtes intermédiaires.

    Le coronavirus MERS-CoV est un virus à ARN mortel et émergent. Il est responsable d'une épidémie qui touche huit pays du monde depuis le Moyen-Orient. © NIAID, RML, DP

    Le coronavirus MERS-CoV est un virus à ARN mortel et émergent. Il est responsable d'une épidémie qui touche huit pays du monde depuis le Moyen-Orient. © NIAID, RML, DP

    La piste du dromadaire pour le MERS-CoV

    Pour tester cette hypothèse, des chercheurs du Centre for Infectious Disease Research aux Pays-Bas ont tout d'abord collecté des échantillons de sang chez 349 animaux, parmi lesquels on trouve des dromadairesdromadaires, des chèvres et des moutons, provenant de plusieurs pays comme le Chili, l'Espagne, Oman et les Pays-Bas. Dans un deuxième temps, ils ont testé la présence d'anticorps dirigés contre le MERS-CoV dans ces prélèvements sanguins. Leurs résultats montrent que tous les dromadaires d'Oman et 14 % de ceux en provenance d'Espagne possédaient des anticorps spécifiques contre le nouveau coronavirus. En revanche, aucun des autres animaux ne possédait de telles protéinesprotéines dans le sang. Ces données sont publiées dans la revue médicale The Lancet.

    La présence d'anticorps dans le sang des dromadaires montre que ces animaux ont été infectés par le coronavirus ou par un virus similaire, et qu'ils ont mis en place une réponse immunitaire pour se protéger. « Il est cependant difficile de savoir quand le contact entre les animaux et le MERS-CoV a eu lieu », explique Marion Koopmans, la directrice de ces recherches. Les chercheurs veulent maintenant mettre le doigt sur le virus du dromadaire et comparer sa séquence avec celle du virus de l'Homme. « Nous devons trouver le coronavirus avant de pouvoir dire avec certitude qu'il s'agit du même que celui qui infecte les humains », ajoute la scientifique.

    Dans l'affirmative, de nombreux travaux seront nécessaires pour vérifier si la transmission virale du dromadaire à l'Homme est possible. Si c'est le cas, les scientifiques devront également comprendre comment le virus circule entre les deux hôtes. Il est cependant possible que d'autres hôtes intermédiaires interviennent, et que le dromadaire ne soit pas le vecteur direct de transmission à l'Homme.