Des chercheurs finlandais et américains viennent de résorber les phobies chez des souris en combinant de la fluoxétine, le principe actif du Prozac, avec des exercices de psychothérapies. Si la méthode est applicable à l’homme, on pourrait ainsi traiter les angoisses à la source, ce qu’on ne sait pas encore faire aujourd’hui.

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    Vous avez peur des souris ? Pourtant, c'est peut-être grâce à elles que bientôt, des peurs phobiques seront vaincues ! Les phobies se définissent comme des peurs paniques irraisonnées. La simple vue d'un serpent derrière son écran de télé peut susciter un émoi intense. Pourtant, de là où il est, le danger est totalement inexistant. Si certaines de ces craintes ne sont pas handicapantes au quotidien, d'autres s'avèrent plus lourdes à supporter, comme par exemple l'anthropophobie, la peur d'avoir une interaction sociale avec quelqu'un.

    Pour les combattre, les spécialistes ont recours à des psychothérapies dans le but d'atténuer les symptômes du patient face à son angoisse. Il s'agit de lui faire comprendre étape par étape le caractère inoffensif de l'objet de sa peur et de l'accoutumer à lui. Pour autant, ces thérapies ne guérissent que des symptômes et non de l'origine du mal. Cependant, grâce à elles, le patient arrive souvent à retrouver une vie plus normale.

    Traiter la phobie à la source

    Désormais, il sera peut-être bientôt possible de traiter le problème plus en profondeur. C'est du moins ce que montrent les recherches menées par des équipes du Centre des neurosciences (université d'Helsinki, Finlande), du Centre médical universitaire de New-York et de l'université Columbia de New-York (États-Unis), dont les résultats sur des souris ont été publiés dans Science.


    Entre 2001 et 2009, le Prozac, dont le principe actif est la fluoxétine, a été délivré à 34 millions de personnes. Pas mal pour celle qu'on appelle la pilule du bonheur. © M. Minderhoud, Wikipédia, cc by sa 3.0

    Entre 2001 et 2009, le Prozac, dont le principe actif est la fluoxétine, a été délivré à 34 millions de personnes. Pas mal pour celle qu'on appelle la pilule du bonheur. © M. Minderhoud, Wikipédia, cc by sa 3.0

    Les rongeursrongeurs ont préalablement été conditionnés à avoir peur en associant un son avec un choc désagréable, mais la moitié d'entre eux avait été traitée par un antidépresseur à base de fluoxétine, le principe actif du Prozac, depuis trois semaines. Ensuite, certaines de ces souris ont suivi un semblant de psychothérapie, que les chercheurs appellent une thérapie d'extinction. Il s'agissait d'émettre le bruit sans faire subir le choc, donc de déshabituer les animaux à l'association des deux. À la fin de l'expérience, les scientifiques venaient frapper les souris sans émettre le son 5 fois de suite. Le lendemain, ils analysaient les résultats de leur expérience.

    Il s'est avéré que seuls 15 % des rongeurs doublement traités ont encore eu peur à l'émissionémission du bruit, contre 40 % de ceux qui n'avaient reçu que la fluoxétine et 60 % de ceux ayant subi uniquement la psychothérapie. 

    Antidépresseur et psychothérapie : la seule combinaison gagnante

    Comment expliquer un tel rendement ? Le Prozac est connu pour améliorer la plasticitéplasticité des synapsessynapses, et permet au circuit neuronal conduisant à cette peur irraisonnée de retrouver un état immature, qu'il est possible de modeler et même d'éliminer par les exercices d'extinction de la psychothérapie. C'est pourquoi les deux approches se complètent et sont donc indispensables pour préserver à jamais d'une rechuterechute.

    De tels effets doivent maintenant être observés chez l'Homme. Si l'efficacité se révèle, alors de nombreux patients pourraient retrouver une vie plus normale et ne plus subir ces souffrances psychiques qui les accablent.