Le thymus de souris âgées a pu être reconstitué in vivo pour ressembler en tout point à celui de rongeurs plus jeunes. Reste à voir s’il renforce réellement le système immunitaire, ce qui ouvrirait la voie à une utilisation prochaine de la médecine régénérative sur l’Homme.

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    On a peut-être l'âge de nos artères, mais pas forcément celui de tous nos organes. Car tous les tissus ne vieillissent pas à la même vitesse. Le thymus est l'un des premiers à subir les affres du temps. Or, impliqué dans la maturation des lymphocytes T (pour thymus), cellules immunitaires, il joue un rôle fondamental dans la lutte contre les infections, et cette sénescence précoce explique pourquoi nos défenses faiblissent avec l'âge.

    Ces processus de vieillissement suscitent de nombreuses questions à l'Homme depuis toujours qui cherche à comprendre comment les annihiler afin de conserver une jeunesse et une vie éternelle. Avec les découvertes des cellules souches et la maîtrise progressive du génie génétiquegénie génétique, des avancées importantes ont été réalisées dans ce qui sera sans doute la médecine du futur : la médecine régénérative, qui espère reconstruire intégralement des organes pour remplacer ceux qui seraient défaillants. Des yeux, des foies ou des minicerveaux ont même été conçus dans des laboratoires.

    Une nouvelle étape dans cette science moderne vient d'être franchie par des scientifiques écossais, dont Clare Blackburn, de l'université d’Édimbourg, qui ont réussi l'exploit de régénérer in vivoin vivo un thymus de souris âgées pour lui donner l'apparence du neuf. Des détails de l'histoire accessibles en libre accès dans la revue Development.

    Le thymus est localisé au cœur du thorax, comme le montre cette illustration. © LearnAnatomy, Wikipédia, cc by 3.0

    Le thymus est localisé au cœur du thorax, comme le montre cette illustration. © LearnAnatomy, Wikipédia, cc by 3.0

    La jeunesse du thymus passe par FOXN1

    Dans un premier temps, des souris ont été génétiquement modifiées pour exprimer dans certaines conditions davantage d'une protéineprotéine nommée FOXN1, dont la synthèse diminue avec le temps et dont la chute des concentrations est associée au processus de vieillissement du thymus, notamment parce qu'elle régule les gènesgènes clés de l'organe et donne les instructions aux cellules souches pour le reconstruire. Après avoir laissé vieillir les rongeursrongeurs, les scientifiques ont induit chez une partie de leurs cobayes la stimulationstimulation du gène correspondant, Foxn1, afin de produire la protéine associée en plus grande quantité. Puis les thymus ont été comparés avec un lot témoin.

    Les souris traitées présentaient un organe deux fois plus volumineux que celui de leurs congénères âgés, mais portant la même structure et les mêmes caractéristiques génétiques que le thymus de souris jeunes. Ainsi, à l'aide d'une seule protéine, les chercheurs ont semble-t-il réussi à redonner une apparence de jeunesse à un tissu âgé. Cet organe régénéré produit également davantage de lymphocytes T que celui de rongeurs âgés non traités, mais les auteurs n'ont pas pu s'assurer qu'il fournit pour autant un système immunitairesystème immunitaire plus efficace.

    Un traitement applicable à l’Homme ?

    À terme, l'objectif consiste à concevoir un traitement capable des mêmes effets sur l'Homme, et les scientifiques pensent également pouvoir passer par FOXN1. Cependant, il reste de nombreuses étapes à valider avant espérer lancer des essais, et notamment reproduire l'expérience sur davantage de souris pour s'assurer des bénéfices.

    Mais si un tel traitement se révèle efficace, alors la majeure partie de la population pourrait être un jour concernée. Les personnes âgées pourraient ainsi retrouver un thymus en pleine force de l'âge et renforcer alors leur système immunitaire. Mais certaines personnes immunodéprimées, comme les personnes touchées par le syndromesyndrome de DiGeorge, ou délétiondélétion 22q11, profiteraient aussi de cette avancée pour réparer leur thymus abîmé.