Le robot chirurgical Da Vinci est sur le banc des accusés aux États-Unis. Selon une étude récente le nombre de complications associées à cet instrument serait largement sous-estimé. En France, la situation est un peu moins critique mais les médecins appellent à davantage de transparences vis-à-vis des problèmes lors d’une télé-opération.

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    Aux États-Unis, l'affaire fait grand bruit. Elle concerne le robot chirurgical Da Vinci. Utilisé depuis la fin des années 1990 outre-Atlantique, il a été présenté comme une révolution en matièrematière de chirurgie mini-invasive. Cette volumineuse installation permet aux médecins de réaliser des interventions lourdes tout en effectuant de petites incisions dans l'organisme. Pour le patient, les bénéfices sont réels : douleurs post-opératoires moins importantes, duréedurée d'hospitalisation diminuée, risques d’infection réduits, etc.

    Environ 1.400 machines de ce type, dont le coût unitaire avoisine les 2 millions d'euros, sont actuellement installées aux États-Unis. Une étude publiée dans le Journal for Health Care Quality vient toutefois tirer la sonnettesonnette d'alarme sur les problèmes concernant ces robots chirurgicaux. Selon une équipe de la Johns Hopkins University à Baltimore (États-Unis), il existerait une très forte sous-déclaration d'incidents liés au robotrobot Da Vinci. Ainsi, les 245 déclarations en 12 ans, dont 71 décès, ne seraient que la face émergée de l'iceberg.

    Le Centre hospitalier universitaire de Limoges (ici en image) est l'un des premiers hôpitaux français à avoir utilisé le robot Da-Vinci. © croucrou, Wikimedia Commons, cc by sa 3.0

    Le Centre hospitalier universitaire de Limoges (ici en image) est l'un des premiers hôpitaux français à avoir utilisé le robot Da-Vinci. © croucrou, Wikimedia Commons, cc by sa 3.0

    Qu'en est-il de la situation en France ? Le robot a fait son entrée dans le pays en 2008 et une cinquantaine d'hôpitaux en sont aujourd'hui équipés. Selon Nicolas Thévenet, directeur des plateaux techniques à l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), « le phénomène de sous-déclaration est récurrent, y compris en France ». Il se veut cependant rassurant : « aux États-Unis où le robot a été rapidement déployé, l'effet est plus important qu'en France. Dans notre pays, les incidents sont le plus souvent d'ordres techniques ».

    Les médecins demandent plus de transparence

    La situation française ne serait donc pas aussi grave qu'aux États-Unis. Alexandre Le Guyader, chirurgien au Centre hospitalier universitaire de Limoges, est d'accord avec ce constat. Son établissement a été l'un des premiers en France à s'équiper du robot Da Vinci. « Je ne pense pas que le phénomène de sous-déclaration concerne de façon spécifique la chirurgie robotique », analyse-t-il. Selon lui, il faudrait plutôt s'interroger sur la formation des médecins. « Dans notre établissement, nous avons opté pour le robot de dernière génération, doté d'une double console, ce qui permet de bien former les docteurs à la chirurgie avec assistance robotiquerobotique. »

    Au sein de l'Institut de cancérologiecancérologie de l'Ouest (ICO) à Nantes, Jean-Marc Classe utilise le Da Vinci depuis deux ans et demi. Selon lui, toutes les complications médicales sévères sont signalées, quelles que soient les interventions, avec ou sans robot.

    Le débat autour de ce robot est également rendu difficile par le fait que l'entreprise Intuitive Surgical possède le monopole sur cet instrument. « À ce titre, il est difficile de s'exprimer car on est rapidement catégorisé », poursuit Jean-Marc Classe. Il tient toutefois à rappeler que cette machine présente énormément d'avantages pour le médecin comme pour le patient. Il faut cependant continuer d'évaluer les complications de façon transparente. Une étude baptisée RobotGyn est d'ailleurs en cours en France. Elle pourrait être publiée en 2015.