Deux chercheuses de l'université d'Hawaï conseillent d’immerger la zone piquée dans de l’eau à 45 °C, car la chaleur inactive le venin. À l’inverse, contrairement à certaines idées reçues, le froid est à éviter.

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    Face à une piqûre de méduseméduse, toutes sortes de conseils sont évoqués : eau chaude, eau froide, eau de mer, urine... Un article paru dans la revue Toxins devrait clore ce débat : cette revue systématique de littérature montre que les symptômes sont améliorés avec la chaleurchaleur. L'enjeu n'est pas anecdotique. Chaque année, ces cnidaires occasionneraient aux humains environ 150 millions de piqûres. Les réactions vont d'une simple douleur locale à des effets bien plus graves, en fonction de l'âge, de l'état de santé du patient, de l'importance du contact avec les tentacules ou du type de méduse. À l'aune du bilan, les piqûres de méduse causent plus de décès que les attaques de requins. C'est pourquoi il est important de connaître les bons gestes à prodiguer lors des premiers secours.

    Malgré l'enjeu, il existe encore un désaccord sur les mesures les plus efficaces pour réduire la douleur et les symptômes, voire des recommandations discordantes. L'immersion dans l'eau chaude est recommandée pour lutter contre de nombreux venins marins, y compris les poissonspoissons venimeuxvenimeux. Pourtant, certains pensent que la cryothérapie (l'immersion de la zone piquée dans de l'eau froide) ralentit le mouvementmouvement du venin. L'objectif de cet article était donc d'examiner les preuves scientifiques de l'utilisation du chaud ou du froid contre les piqûres de cnidairescnidaires.

    Le poisson-pierre, un redoutable animal venimeux. © Andrea Izzotti, Shutterstock

    Le poisson-pierre, un redoutable animal venimeux. © Andrea Izzotti, Shutterstock

    Du chaud mais pas de froid

    Les chercheuses ont combiné les résultats d'environ 2.000 articles qui étudiaient l'effet de la température sur les piqûres de méduses. Le traitement à la chaleur, par immersion dans de l'eau à environ 45 °C, semble efficace. Cela paraît logique étant donné que les composés présents dans les venins sont inactivés à des températures comprises entre 40 et 50 °C.

    L'immersion dans de l'eau chaude est aussi le traitement utilisé pour d'autres piqûres (celles du poisson-pierre). C'est une technique simple et efficace pour réduire la douleur et limiter les conséquences graves. Mais Angel Yanagihara, une des deux auteurs de cette recherche, s'inquiète de ce que conseillent certains articles sur InternetInternet, véhiculant de nombreuses idées fausses. Les services d'urgence utilisent parfois des packspacks de glace pour porter secours aux personnes piquées, alors qu'il n'y a pas de preuves expérimentales de l'efficacité de ce traitement. La glace est aussi utilisée contre les piqûres d'arthropodes (abeilles...), mais il s'agit plutôt de soulager l'inflammation par le froid et non d'agir sur le venin.

    Comme l'explique sa collègue Christie Wilcox, le sujet draine beaucoup d'idées reçues : « Les gens pensent que la glace sera utile parce que les piqûres de méduses brûlent et la glace est froide ». Elle ajoute que « la recherche, à ce jour, a montré que tous les venins marins sont très sensibles à la chaleur, donc de l'eau chaude ou des compresses chaudes devraient être plus efficaces que des compresses froides ou de la glace ».

    Les chercheuses sont également impliquées dans un travail expérimental qui vise à tester l'effet du vinaigre.