Un déficit en oméga-3 causerait un dysfonctionnement du système nerveux, associé à des comportements anxieux. Le manque de cet acide gras, typique du régime carnivore à l’occidentale, pourrait donc être la cause d’un grand nombre de dépressions.

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    La dépression pourrait être favorisée par un déficit en oméga-3. © Fabiana Zonca, Flickr, CC by-nc-sa 2.0

    La dépression pourrait être favorisée par un déficit en oméga-3. © Fabiana Zonca, Flickr, CC by-nc-sa 2.0

    Les oméga-3 sont connus pour avoir un effet bénéfique sur le taux de cholestérol ou sur l'obésité. Ces graisses particulières, composées de longues chaînes de carbonecarbone insaturées, sont bien meilleures pour la santé que les oméga-6, dont le régime alimentaire occidentalisé est souvent trop riche. Incapables d'être synthétisés par l'organisme et retrouvés dans les poissonspoissons ou les huiles végétales, les oméga-3 doivent donc être consommés régulièrement pour éviter d'éventuels problèmes cardiovasculaires.

    Mais les effets bénéfiques des oméga-3 ne seraient pas restreints au cœur et participeraient aussi au bien-être psychologique. Cela avait été démontré en 2008, lorsque des chercheurs avaient fait le lien entre un taux sanguin d'oméga-3 élevé et une diminution de l'état dépressif des personnes âgées. À l'époque, les mécanismes moléculaires impliqués dans ce processus étaient totalement inconnus.

    Toutefois, il était connu qu'à l'inverse d'autres tissus, le système nerveux central, mais aussi la rétine, sont particulièrement riches en acides gras polyinsaturés (l'acide arachidonique, un oméga-6oméga-6 et l'acide docosahexaénoïque ou DHADHA, un oméga-3), et dépendants de ces moléculesmolécules pour leur bon fonctionnement. Partant du fait que l'apport en acides gras polyinsaturés des embryonsembryons repose entièrement sur l'alimentation maternelle, des chercheurs de l'Inserm et de l'Inra, ainsi que des collaborateurs espagnols, ont analysé spécifiquement l'effet d'un déficit en oméga-3 sur le développement du cerveaucerveau des souriceaux.

    L'huile de colza est riche en acides gras polyinsaturés de type oméga-3. © DR

    L'huile de colza est riche en acides gras polyinsaturés de type oméga-3. © DR

    Régime pauvre en oméga-3 tout au long de la vie

    Pendant toute la duréedurée de la gestationgestation et de la lactation, des souris femelles ont alors été soumises à un régime particulier contrôlé, dont la graisse était apportée par de l'huile d'arachidearachide (riche en acide linoléiqueacide linoléique, un oméga-6 précurseur de l'acide arachidonique) ou de l'huile de colza (riche en acide linolénique, un oméga-3 précurseur du DHA). Après le sevragesevrage, leur progéniture a ensuite été soumise au même régime tout au long de leur vie.

    Alors que le cerveau des souris soumises à un régime d'huile d'arachide, contient effectivement significativement moins d'oméga-3 que les individus nourris à l'huile de colza, la communication neuronale est également affectée. En effet, la fonction du récepteur présynaptique CB1R, abondant dans les synapsessynapses du système nerveux et sensible aux endocannabinoïdes, est abolie par le faible apport en oméga-3. L'effecteur (une protéine Gprotéine G) censé transmettre le message de l'activation par les endocannabinoïdes n'est plus associé au récepteur.

    Augmentation des comportements dépressifs

    Le noyau accumbensnoyau accumbens et le cortex préfrontalcortex préfrontal sont particulièrement atteints car ces deux structures cérébrales qui sont impliquées dans le système de récompense, de motivation et de l'émotion contiennent un grand nombre de récepteurs CB1R. D'un point de vue comportemental, le dysfonctionnement moléculaire est alors accompagné d'une tendance à la dépression chez les souris mal nourries. Le temps passé à réaliser des activités considérées comme des marqueurs d'anxiété (immobilité, absence d'interactions sociales, grattage de la litièrelitière) est significativement supérieur chez les souris déficitaires en oméga-3.

    Les auteurs de l'article paru dans la revue Nature neuroscience concluent que leurs résultats fournissent les premières preuves d'un lien au niveau du système nerveux entre un comportement dépressif et un faible apport en oméga-3. Chez l'Homme, le régime alimentaire devrait donc être équilibré en acides gras pour éviter le même phénomène de dépression, déjà souvent décrit. Mais au lieu de les consommer en compléments alimentaires qui n'ont, selon une récente étude, aucun effet, préférez les poissons gras, comme le saumonsaumon ou le thonthon.