De plus en plus d'enfants développent des précirrhoses hépatiques avec des lésions qui n’étaient observées que chez les malades alcooliques. Environ 250 spécialistes réunis en congrès à l’Institut Pasteur de Paris tirent la sonnette d’alarme.

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    Sodas et sodas light, régime riche en graisses saturées et cholestérol mais pauvre en graisses insaturées, fibres et vitamines C et E : voici le tableau alimentaire qui fait bondir les 250 hépatologues réunis en congrès depuis ce jeudi 30 juin à Paris.

    Dans leurs cabinets, un nombre croissant d'enfants en bas âge déclenchent des maladies du foie, appelées stéatohépatite non alcoolique, ou Nash, favorisées par les excès de sucre et de matièresmatières grasses saturées. La stéatohépatite non alcoolique est susceptible d'évoluer en silence vers une cirrhose et/ou un cancer du foie. Quant à la stéatose, elle correspond à une accumulation d'acides grasacides gras sous forme de triglycéridestriglycérides dans le foie.

    Pour les spécialistes, il y a donc urgence à renverser cette tendance qui progresse parallèlement à l'augmentation du surpoidssurpoids, de l'obésité et du diabètediabète dans le monde. Ces trois critères constituent les facteurs de risquefacteurs de risque de développer une stéatose précoce, mis à part le facteur génétiquegénétique qui s'est révélé fréquent chez les parents d'enfants obèses ou entre jumeaux. Ainsi, 46 % des enfants et adolescents sont en surpoids ou obèses dans les pays occidentaux. Les États-Unis comptent 17 % d'enfants obèses, la Chine près de 25 % et l'Europe près de 33 %.

    Pour le professeur Lawrence Serfaty, organisateur du congrès sur la Nash, « une meilleure compréhension des facteurs de risque et des mécanismes de l'atteinte du foie devrait permettre d'identifier de nouvelles cibles thérapeutiques. Parallèlement, il est urgent de renforcer l'information et la préventionprévention des risques de stéatose métabolique auprès des enfants et de leurs parents ».

    Les bactéries de la flore intestinale pourraient jouer un rôle dans ces maladies hépatiques. © phugunfire, Shutterstock

    Les bactéries de la flore intestinale pourraient jouer un rôle dans ces maladies hépatiques. © phugunfire, Shutterstock

    Le microbiote intestinal produirait de l’alcool

    Ce deuxième congrès franco-américain est l'occasion pour les spécialistes de présenter une nouvelle hypothèse qui expliquerait les atteintes hépatiques observées chez des enfants obèses : le microbiotemicrobiote intestinal serait à l'origine d'une production endogèneendogène d'alcool qui pourrait également jouer un rôle. Selon un rapport de l'Unité européenne de gastroentérologie (UEG), 20 à 30 % des jeunes Européens obèses seraient aussi touchés par des maladies inflammatoires de l'intestin.

    Parmi les recommandations des médecins pour faire régresser la stéatose hépatique et la Nash figurent la perte de poids, l'éviction de certains aliments (graisses saturées, fructosefructose...), et l'activité physiquephysique. Mais ces mesures ne sont efficaces qu'à condition d'être suivies. Actuellement, il n'existe aucun traitement spécifique validé pour ces maladies. Plusieurs essais thérapeutiquesessais thérapeutiques évaluant de nouvelles moléculesmolécules potentiellement efficaces dans la Nash sont en cours chez l'adulte, mais également chez l'enfant. Les traitements actuels consistent à mieux équilibrer le diabète lorsqu'il existe et corriger une hyperlipidémiehyperlipidémie.

    Le deuxième congrès Nash Symposium, organisé par la société française d'hépatologie (Afef) et la société francophone du diabète, se tient les 30 juin et 1er juillet à Paris.