Une équipe internationale de chercheurs a montré comment les variations saisonnières pouvaient influer sur le système immunitaire. Cette découverte pourrait expliquer pourquoi notre organisme est plus actif pour lutter contre certaines maladies en hiver, en particulier en Europe.

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    Le système immunitaire est plus pro-inflammatoire chez les Européens et habitants de l’hémisphère nord pendant l’hiver. © Dirima, shutterstock.com

    Le système immunitaire est plus pro-inflammatoire chez les Européens et habitants de l’hémisphère nord pendant l’hiver. © Dirima, shutterstock.com

    L'équipe a pu observer des différences saisonnières d'expression d'un grand nombre de gènes, en particulier ceux impliqués dans la régulation du système immunitaire de personnes issues de plusieurs régions géographiques, hémisphères et groupes ethniques. « Le système immunitaire est plus pro-inflammatoire chez les Européens et habitants de l'hémisphère nordhémisphère nord pendant l'hiverhiver », indiquent les scientifiques qui ont présenté leurs résultats dans la revue Nature Communications le 12 mai 2015.

    Pour en arriver à ces conclusions, ils ont récolté et analysé des données sur les globules blancs (représentatifs du système immunitaire) et d'échantillons de tissus prélevés sur près de 16.000 personnes de six pays différents situés dans des zones géographiques distinctes. Sur les 22.000 gènes passés à la loupe, près de 5.000 d'entre eux présentaient des variations saisonnières. « De façon remarquable, les gènes saisonniers présentent des profils opposés dans l'hémisphère nord et sud », révèle cette étude.

    En étudiant les populations vivant à proximité de l'équateuréquateur, où les températures restent assez élevées toute l'année, les scientifiques ont pu constater un modèle différent des zones de l'hémisphère nord, plus soumises aux changements de saisons. L'immunité et le phénomène inflammatoire étant lié dans cette zone en particulier à la saisonsaison des pluies, et la malariamalaria, plus répandue.

    La capitale islandaise Reykjavik. Les chercheurs ont identifié moins de gènes saisonniers chez les volontaires de cette île, vraisemblablement parce le froid domine toute l’année et les variations saisonnières y sont moins importantes. © Andreas Tille, <em>Wikipedia Commons</em>, CC BY-SA 3.0

    La capitale islandaise Reykjavik. Les chercheurs ont identifié moins de gènes saisonniers chez les volontaires de cette île, vraisemblablement parce le froid domine toute l’année et les variations saisonnières y sont moins importantes. © Andreas Tille, Wikipedia Commons, CC BY-SA 3.0

    « Une adaptation environnementale directe » des populations

    Les chercheurs ont par contre identifié un moins grand nombre de gènes saisonniers chez les volontaires islandais, car, dans le pays, le froid domine toute l'année et les variations saisonnières sont moins importantes. Cette découverte pourrait expliquer pourquoi nous pouvons être sujets à certaines maladies à des périodes spécifiques de l'année, selon le professeur John Todd, l'un des auteurs de l'étude, chercheur à l'université de Cambridge (Grande-Bretagne). « Indépendamment de tout facteur causal particulier menant à ces différences, vraisemblablement multiples, nos résultats démontrent que différentes populations humaines varient indépendamment de la composition cellulaire de leur système immunitaire selon la saison, ce qui suggère une adaptation environnementale directe », selon cette étude. 

    Les réactions inflammatoires et l'immunité jouent par exemple un rôle significatif dans la survenue de maladies telles que l'arthrite rhumatoïde, le diabète de type 1 et les maladies cardiaques qui connaissent un pic d'incidence en hiver dans toute l'Europe. Différents facteurs tels que la nutrition ou le stressstress entrent néanmoins en ligne de compte et il semble difficile de relever la part des uns et des autres, explique encore le professeur Todd. « À ce jour, aucune étude ne semble avoir pris en compte la variabilité que nous avons observée sur le système immunitaire, au cours de la saison, qui pourrait par exemple augmenter les différences de phénotypesphénotypes immunitaires entre jumeaux ou entre autres membres de la famille si l'on récolte des échantillons sanguins à différents moments de l'année », relate l'étude.