L'aire de répartition du couple trypanosome-mouche tsé-tsé, qui provoque la maladie du sommeil, pourrait bien se déplacer en raison du réchauffement climatique. Dans ces conditions, jusqu'à 77 millions de personnes supplémentaires pourraient exposées d'ici 2090.

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    La maladie du sommeil, due à un parasite dont le vecteur est la mouché tsé-tsé, pourrait se répandre à cause du réchauffement climatique. © kibuyu, Flickr, cc by nc sa 2.0

    La maladie du sommeil, due à un parasite dont le vecteur est la mouché tsé-tsé, pourrait se répandre à cause du réchauffement climatique. © kibuyu, Flickr, cc by nc sa 2.0

    La maladie du sommeil est due à l'action combinée d'un parasiteparasite (un protozoaire flagellé) et d'un vecteur - la mouche tsé-tsé. Selon une étude réalisée par des chercheurs américains et se fondant sur les scénarios élaborés par les climatologuesclimatologues, l’augmentation de température au cours du prochain siècle va modifier l'aire de répartition du parasite et du vecteur, provoquant un accroissement du nombre de cas au sein de la population africaine.

    En Afrique, la maladie du sommeil, qu'on appelle également trypanosomose africaine, se présente sous deux formes :

    • gambienne, lorsque l'hôte est infecté par Trypanosoma brucei gambiense. Ce protozoaire sévit en Afrique occidentale et centrale ;
    • rhodésienne, déclenchée par Trypanosoma brucei rhodesiense qui est établi en Afrique orientale et australe.

    Maladie du sommeil : 70.000 cas par an

    Les vecteurs de ces deux protozoaires sont des mouches tsé-tsé, diptères appartenant au genre Glossina. Une première phase se déroule au sein du système digestif de la mouche, où le trypanosome arrive suite à un repas sanguin effectué par la mouche sur un humain infecté. Le parasite remonte ensuite le tube digestif et se multiplie au niveau des glandes salivaires. Lors d'un autre repas sanguin, les nouveaux parasites seront alors transférés sur un humain dans lequel le protozoaire effectue un nouveau cycle (dans le sang et la lymphe).

    Aire de répartition de la maladie du sommeil (données OMS 2002). © Richard Wheeler, domaine public

    Aire de répartition de la maladie du sommeil (données OMS 2002). © Richard Wheeler, domaine public

    La trypanosomose africaine touche une quarantaine de pays en Afrique et les estimations parlent de 50.000 à 70.000 infections humaines par an. Les symptômessymptômes incluent des fièvresfièvres, des douleursdouleurs articulaires. Non traitée, la maladie débouche sur de l'anémieanémie, des troubles endocriniensendocriniens et, dans les cas extrêmes, un comacoma puis la mort.

    Décalage de l'aire de répartition

    Les scientifiques ont voulu savoir ce qu'il adviendrait des couples parasite-vecteur si, comme la quasi-totalité des scénarios élaborés par les climatologues semblent l'indiquer, la Terre se réchauffait. Ils ont ainsi modélisé ce que deviendraient l'écologieécologie de ces mouches, leur physiologie et surtout, leur interaction avec le parasite en cas de hausse des températures.

    À l'instar des espèces qui risquent de se déplacer vers des latitudes plus importantes, ou des altitudes plus élevées, au fur et à mesure que la température augmente, l'aire de répartition des glossines risque également de se déplacer, selon les auteurs, en particulier vers le sud de l'Afrique. En outre, le réchauffement climatique pourrait favoriser les épidémiesépidémies

    Jusqu'à 77 millions de personnes exposées en plus d'ici 2090 !

    Le décalage de l'aire de répartitionaire de répartition va donc provoquer l'infection de nouvelles personnes. Selon les modèles des chercheurs, 56 à 77 millions de personnes supplémentaires pourraient ainsi être exposées d'ici 2090. Ces résultats sont publiés dans le Journal of the Royal Society Interface.

    Les chercheurs précisent néanmoins que leurs estimations ne tiennent pas compte de certains facteurs comme l'évolution de l'humidité, ou encore les changements démographiques des différents hôtes (humains, bétails...) qui pourraient pourtant certainement avoir une influence sur la propagation de la maladie.

    Des recherches supplémentaires devront donc être réalisées pour préciser ces estimations inquiétantes.