Une équipe américaine vient de présenter des résultats étonnants de l’immunothérapie contre des formes graves de leucémies, avec la rémission de 27 patients sur les 29 d’un essai démarré en 2013. Les résultats concernent aussi une autre forme de cancer du sang et confirment les espoirs de cette méthode consistant à reprogrammer les cellules tueuses du patient. Le chemin des chercheurs, cependant, est encore long.

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    C'est lors d'un congrès de l'AAAS (American Association for the Advancement for Science) qu'un trio de chercheurs a présenté des résultats très prometteurs contre les cancers du sangcancers du sang et peut-être les autres. Sur 29 patients traités en 2013 atteints de leucémie aiguë lymphoblastique (LALLAL), deux sont décédés et 27 sont toujours en vie alors que plusieurs d'entre eux n'avaient que quelques mois d'espérance de vie.

    Le résultat est une demi-surprise car la méthode est connue et explorée depuis longtemps. Il s'agit de prélever des lymphocytes T, donc des globules blancs dits « tueurs », du patient lui-même. Ces cellules du système immunitaire sont alors reprogrammées pour que leur métabolisme fabrique une arme redoutable qui viendra s'installer à la surface de leur membrane. Ce récepteur antigénique chimériquechimérique, ou CAR (Chimeric Antigen Receptor), est spécifiquement ciblé contre les cellules cancéreuses. Réinjectés dans le sang, ces lymphocytes T se montrent particulièrement efficaces. De plus, comme ces cellules se reproduisent dans l'organisme, un seul traitement est nécessaire, contrairement aux chimiothérapieschimiothérapies et aux radiothérapiesradiothérapies.

    En novembre dernier, le Great Ormond Street Hospital, à Londres, affirmait avoir sauvé un bébé de 14 semaines par cette méthode de thérapie génique. D'autres études ont souvent relaté des succès (voir les liens vers nos articles en bas de ce texte).

    La surprise vient justement de cette efficacité. Les biologistes ont d'abord essayé d'utiliser des lymphocytes d'un donneur mais ici, c'est la voie des lymphocytes T autologuesautologues, donc du malade lui-même qui a été choisie. Le lecteur intéressé trouvera de bonnes explications, en français, sur le site de l'association Saint Louis pour la recherche sur les leucémies.

    Stanley Riddell dans son laboratoire. Les résultats de l’immunothérapie à lymphocytes T-CAR ont été présentés à l'AAAS également par Chiara Bonini (<em>Ospedale San Raffaele</em>, Milan, Italie) et Dirk Busch (<em>Technische Universität</em> de Munich, Allemagne). © <em>Fred Hutchinson Cancer Research Centre</em>

    Stanley Riddell dans son laboratoire. Les résultats de l’immunothérapie à lymphocytes T-CAR ont été présentés à l'AAAS également par Chiara Bonini (Ospedale San Raffaele, Milan, Italie) et Dirk Busch (Technische Universität de Munich, Allemagne). © Fred Hutchinson Cancer Research Centre

    Les lymphocytes T à CAR semblent une bonne piste

    Pour l'instant, les résultats ne sont pas encore publiés. Ils sont tout de même décrits dans un communiqué du Fred Hutchinson Cancer Research Centre, où travaille l'équipe de Stanley Riddell, l'un des membres du trio, avec une vidéo, réservée aux anglophones. D'autres publications suivront car un essai cliniqueessai clinique a aussi été mené sur des patients atteints d'un lymphomelymphome non hodgkinien. Sur ces 30 personnes, 19 survivent aujourd'hui. Un troisième test concerne la leucémie lymphoïdelymphoïde chronique.

    Ces résultats s'inscrivent dans les recherches sur l'immunothérapieimmunothérapie qui consiste à combattre les tumeurstumeurs avec le propre système immunitaire du patient. La voie des cellules T à CAR est l'une d'elles. Cette équipe a franchi une belle étape d'un long chemin. Les chercheurs travaillent déjà sur une nouvelle génération de CAR ainsi que sur la méthode car les effets secondaires de ce traitement sont encore trop lourds. Il induit notamment un dangereux syndromesyndrome de relargagerelargage de cytokinescytokines.

    Il faudra encore plusieurs années de travail pour faire de l'immunothérapie un traitement majeur de ces cancers du sang. Mais Stanley Riddell, dans le communiqué de l'université, se dit optimiste et estime que d'autres formes de cancers pourront un jour être traitées de la sorte.