La découverte d'une nouvelle souche de bactérie résistante aux antibiotiques relance le problème de la surconsommation d’antibiotiques. Elle renforce encore la nécessité de trouver de nouveaux traitements contre les infections bactériennes. 

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    L'utilisation abusive d'antibiotiques contribue à l'augmentation du phénomène de résistance des bactéries. © Michaelll, Flickr, CC by-SA 2.0

    L'utilisation abusive d'antibiotiques contribue à l'augmentation du phénomène de résistance des bactéries. © Michaelll, Flickr, CC by-SA 2.0

    L'annonce a été faite lors de la 19e conférence de la Société internationale pour la recherche sur les maladies sexuellement transmissibles, qui s'est ouverte aujourd'hui et qui se tiendra jusqu'à mercredi au Québec. L'équipe du docteur Magnus Unemo, du Laboratoire suédois de référence pour le pathogène Neisseria, a annoncé la découverte d'une souche de la bactérie Neisseria gonorrhoeae résistante aux antibiotiques. Le pathogène est responsable de la gonorrhée, ou blennorragie, une infection sexuellement transmissibleinfection sexuellement transmissible

    L'augmentation de la résistancerésistance du gonocoquegonocoque à certains antibiotiques était déjà alarmante. On connaissait l'inefficacité de la péniciline et de la tétracyclinetétracycline et, depuis 2008,  celle d'autres antibiotiques de la classe des fluoroquinolones (par exemple la ciprofloxacine et l'ofloxacine) contre cette bactérie. Il faudra peut-être désormais compter sans les céphalosporines de troisième génération et l'azithromycine, derniers antibiotiques encore efficaces contre les infections à Neisseria gonorrhoeae. L'étendue de la souche dans le monde est encore mal connue mais sa propagation pourrait être rapide.

    La bactérie <em>Neisseria gonorrhoeae</em> est responsable de la gonorrhée, ou blennorragie, une infection sexuellement transmissible. © Joe Miller, <em>Centers for disease control and prevention</em> (CDC), domaine public

    La bactérie Neisseria gonorrhoeae est responsable de la gonorrhée, ou blennorragie, une infection sexuellement transmissible. © Joe Miller, Centers for disease control and prevention (CDC), domaine public

    Une résistance devenue un problème majeur de santé publique

    Le développement du phénomène de résistance aux antibiotiques résulte d'une utilisation abusive d’antimicrobiens, d'une mauvaise observance du traitement de la part des patients ou de l'utilisation abusive d'antibiotiques chez les animaux. Les antibiotiques favorisent la sélection des bactéries ayant développé des gènesgènes de résistance à ces traitements. Ces bactéries multi-résistantes se multiplient alors, favorisant la transmission des gènes de résistance d'une bactérie à l'autre au sein d'un même individu. La diffusiondiffusion des bactéries entre les individus permet la transmission des gènes de résistance au sein des collectivités.

    La résistance aux antibiotiques est un problème majeur de santé publique. Depuis le début de l'utilisation des antibiotiques, de nombreuses bactéries responsables de différentes infections ont développé une résistance, réduisant le champ d'action de ces traitements. Selon l'European Medicines Agency, environ 25.000 décès par an en Europe seraient dus à des infections liées à des bactéries multi-résistantes n'ayant pu être traitées faute d'antibiotiques efficaces. 

    La gonorrhée est une des infections sexuellement transmissibles les plus répandues dans le monde. Si elle n'est pas traitée, l'infection peut provoquer de graves complications et conduire à une infertilitéinfertilité. Elle augmente également le risque de transmission du VIHVIH et peut entraîner la mort.