Les chercheurs d’un laboratoire japonais viennent de frapper un grand coup. Dans la même édition de la revue Nature Communications, ils ont publié deux avancées en médecine régénérative. Dans l’une d’elles, ils ont recréé en laboratoire des glandes salivaires effectives, qu’ils ont transplantées chez des souris et qui ont fonctionné correctement. Dans la seconde, ils ont obtenu le même résultat avec des glandes lacrymales.

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    Le liquide lacrymal vient hydrater l'œil pour le nettoyer, mais parfois il est produit excessivement, et il se met à couler le long des joues, formant des larmes. Si certaines personnes souffrent de sécheresses oculaires, elles pourront espérer à l'avenir une transplantation de glandes lacrymales entièrement conçues in vitro. © Honikum, Flickr, cc by nd 2.0

    Le liquide lacrymal vient hydrater l'œil pour le nettoyer, mais parfois il est produit excessivement, et il se met à couler le long des joues, formant des larmes. Si certaines personnes souffrent de sécheresses oculaires, elles pourront espérer à l'avenir une transplantation de glandes lacrymales entièrement conçues in vitro. © Honikum, Flickr, cc by nd 2.0

    L'Homme est-il une machine dont on pourra changer les pièces défectueuses ? C'est en quelque sorte l'ambition de la médecine régénérative pour augmenter notre espérance de vie. Des progrès considérables ont été accomplis ces dernières années, mais certaines frontières limitent encore la réussite de toutes les expériences entreprises.

    Takashi Tsuji, et ses collaborateurs de l'université des Sciences de Tokyo, viennent de faire deux nouvelles percées, publiées dans le même numéro de Nature Communications. Ils sont parvenus à créer in vitroin vitro des glandes salivaires et lacrymales fonctionnelles après transplantation chez la souris.

    Une découverte qui en fera saliver plus d’un

    Commençons par nous mettre en appétit. Dans leur première recherche, les auteurs ont commencé par récupérer des cellules épithéliales et mésenchymateuses dans les glandes salivaires de fœtus de souris d'une quinzaine de jours. Elles ont été placées dans une substance gélatineuse nutritive enrichie en facteurs de croissance, durant trois jours.

    À ce stade, ces glandes ont été greffées chez des souris adultes qui avaient préalablement subi une ablationablation de ces organes. Un mois plus tard, les connexions avec le système nerveux et les conduits étaient établies. Et lorsque les scientifiques stimulaient le tractus digestif avec du sel, les glandes transplantées produisaient de la salive qui venait humidifier la bouche des rongeursrongeurs.

    Les souris, modèle animal par excellence, ont retrouvé la possibilité de saliver ou de pleurer après transplantation de glandes fabriquées in vitro. © Rama, Wikimedia Commons, cc by sa 2.0

    Les souris, modèle animal par excellence, ont retrouvé la possibilité de saliver ou de pleurer après transplantation de glandes fabriquées in vitro. © Rama, Wikimedia Commons, cc by sa 2.0

    Chez l'Homme, il existe des troubles associés à une production déficitaire de salivesalive : la xérostomie. Cette condition apparaît avec l'âge, dans le syndromesyndrome de Sjögren (maladie auto-immune rare) ou parfois après une radiothérapie pour traiter un cancercancer de la tête. Cette recherche montre que le remplacement par des glandes salivaires fonctionnelles conçues en laboratoire est possible, mais le protocoleprotocole reste à affiner et de nouvelles études sont nécessaires avant que l'opération ne soit envisagée chez l'Homme.

    Des larmes in vitro

    Dans la seconde étude, le protocole est le même, mais concerne cette fois les glandes lacrymalesglandes lacrymales. Soumis à un refroidissement des yeuxyeux, les rongeurs ont commencé à verser des larmeslarmes avec toutes les sécrétionssécrétions qu'elles doivent contenir, en guise de preuve de la bonne réussite de l'expérience.

    Là encore, des applicationsapplications en médecine sont envisageables, pour les personnes souffrant de sécheresses oculaires, qui à la suite du dysfonctionnement de leurs glandes lacrymales perdent en vision et en qualité de vie. Reste, comme précédemment, à faire les efforts de recherche nécessaires pour réussir à passer sans danger de la souris à l’Homme.

    Ces annonces laissent espérer des avancées dans le remplacement des petits tissus défaillants. Mais elles n'offrent toujours pas de solutions pour la conception in vitro d'organes plus volumineux, comme le cœur, les poumons, ou le foie, qui nécessitent un système de vascularisation complexe pour atteindre leur taille adulte. En attendant que les scientifiques parviennent à ce niveau de connaissance, les plus impatients pourront peut-être bientôt retrouver leurs yeux pour pleurer.