Un antibiotique, la rapamycine, utilisé comme immunosuppresseur pour éviter les rejets de greffes et découvert à l'île de Pâques, allonge la durée de vie de souris élevées en laboratoire. Un résultat étonnant qui reste à expliquer...

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    Dans les années 1960, les scientifiques ont découvert une activité antibiotique dans le sol de l'île de Pâques. Le coupable a été identifié : c'est Streptomyces hygroscopicus, une bactérie formant de longs filaments et appartenant aux actinomycètes. Ce poison la débarrasse de ses concurrents, champignonschampignons microscopiques ou autres bactéries. En 1975, cet antibiotique naturel a pu être isolé et la moléculemolécule a été baptisée rapamycine, rappelant l'origine de sa découverte, Rapa Nui étant le nom polynésien de l'île de Pâques.

    Encore appelée sirolimus, la rapamycine est utilisée pour réduire le rejet de greffes voire comme anti-tumoraltumoral. On sait qu'elle inhibe une protéine, mTOR(sigle signifiant d'ailleurs mammalian target of rapamycine, cible de la rapamycine chez les mammifèresmammifères), laquelle est connue pour intervenir sur la croissance et la survie de la cellule. Or, des expériences récentes ont montré, chez la souris, qu'un régime hypocalorique avait tendance à allonger la duréedurée de vie des animaux et, justement, à inhiber la protéine mTOR (des résultats similaires viennent tout juste d'être annoncés dans Science, concernant cette fois les singes rhésus, mais sans référence à mTOR).

    La pilule anti-vieillissement reste à inventer

    Une équipe américaine issue de trois laboratoires a vérifié d'une manière très simple l'effet sur les souris. Après avoir mis au point une formulation de la rapamycine qui la rend plus stable et facilement digestible, les biologistes en ont administré à des souris durant vingt mois, soit l'équivalent de 60 ans d'une vie humaine.

    Par rapport aux souris témoins, les animaux ainsi traités ont vu leur durée de vie s'allonger de 9% chez les mâles et de 14% chez les femelles (l'âge de référence étant celui auquel on observe 90% de mortalité). L'expérience a été répétée sur trois populations de souris génétiquement différentes. L'étude montre que les causes de mortalité sont identiques pour les souris traitées et témoins. En d'autres termes, la rapamycine semble bien agir sur le vieillissement lui-même et non sur la cause d'une maladie particulière. Une seconde étude montre également un effet positif du traitement lorsqu'il est administré à partir de l'âge de neuf mois.

    Tous les commentateurs insistent pour dire qu'il serait irresponsable de considérer la rapamycine comme un agent miracle contre le vieillissement. Ce puissant immunosuppresseur a bien d'autres conséquences sur le corps humain, et tout à fait négatives celles-là. Outre qu'il réduit les défenses immunitaires, il a aussi tendance à faire grimper le cholestérol...