Une injection par an plutôt que trois par jour. C’est l’objectif que se sont lancés deux chercheurs de Harvard, qui espèrent remplacer la classique insuline par une autre hormone synthétisée par l’Homme, la bêtatrophine, pour traiter le diabète. Une petite révolution !

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      Image du site Futura Sciences

    Le diabète de type 2 atteint des niveaux pandémiques. Il toucherait par exemple 26 millions d'Américains et 21 millions d'Européens, et il est fortement associé au surpoids et au manque d’activité physique. Cette maladie se caractérise par une résistance à l'insuline, l'hormone produite pas les cellules bêta pancréatiques et chargée de faire baisser les taux de sucressucres dans le sang. Sans elle, l'organisme ne parvient plus à régler seul sa glycémieglycémie, ce qui à terme peut causer des lésions graves. Le diabète est par exemple l'une des principales causes d'amputationamputation et de cécité non génétiquegénétique.

    Il n'existe aujourd'hui aucun traitement curatifcuratif de la maladie, mais on soigne souvent les patients par des piqûres quotidiennes d'insuline, afin d'en amener une quantité suffisante pour réguler efficacement la quantité de sucres circulant. Une thérapiethérapie lourde mais nécessaire.

    Mais voilà que Doug Melton et son post-doctorant Peng Yi, de l'université Harvard (Cambridge, États-Unis), viennent de faire une découverte qui pourrait révolutionner le traitement du diabète. Une hormone naturellement produite par l'Homme, la bêtatrophinebêtatrophine, pourrait augmenter la production d'insuline sur une grande période de temps. Comment ? En permettant la synthèse d'un très grand nombre de cellules bêta pancréatiques. Finies les injections quotidiennes ?

    De la molécule S961 à la bêtatrophine pour traiter le diabète

    Pourtant, leurs travaux se sont d'abord focalisés sur une moléculemolécule nommée S961, connue notamment pour abaisser les taux d'insuline, du fait de son antagonisme pour les récepteurs. Doug Melton pensait qu'en traitant des souris diabétiquesdiabétiques avec un tel composé, leur organisme trouverait des mécanismes de compensation pour réguler la glycémie. Hypothèse pertinente, puisque les rongeursrongeurs ont alors synthétisé davantage de cellules bêta pancréatiques.

    Peng Yi (à gauche) et Doug Melton (à droite) travaillent sur ce projet depuis plusieurs années, mais c'est en 2011 que leurs recherches sur le diabète ont pris un nouveau tournant, quand ils ont pu constater les effets de la bêtatrophine sur la synthèse des cellules bêta pancréatiques. © B. D. Colen, université Harvard

    Peng Yi (à gauche) et Doug Melton (à droite) travaillent sur ce projet depuis plusieurs années, mais c'est en 2011 que leurs recherches sur le diabète ont pris un nouveau tournant, quand ils ont pu constater les effets de la bêtatrophine sur la synthèse des cellules bêta pancréatiques. © B. D. Colen, université Harvard

    Leurs investigations ultérieures ont révélé qu'en fait, S961 n'agissait pas directement à ce niveau, mais favorisait l'expression d'un gènegène dans le foiefoie et la graisse, aboutissant à la production d'une hormone encore méconnue : la bêtatrophine. À elle seule, elle multiplie par au moins 17 le nombre de cellules bêta dans le pancréaspancréas.

    Les scientifiques ont aussi étudié ce qu'il se passait chez des souris gestantes. Pourquoi ? Car durant la grossesse, la glycémie et les besoins en insuline augmentent, du fait de la prise de poids et des exigences nutritives du fœtusfœtus. Là encore, les mammifèresmammifères trouvent la parade en augmentant les sécrétionssécrétions de bêtatrophine.

    La bêtatrophine, une hormone plus efficace que l’insuline ?

    Or cette hormone se retrouve également chez l'Homme et pourrait jouer les mêmes fonctions. Ils espèrent qu'en injectant la protéineprotéine chez des patients diabétiques, celle-ci stimulera alors la production de cellules bêta, ce qui assurera une synthèse naturellement élevée d'insuline. Au lieu des trois piqûres quotidiennes nécessaires à certains patients, ils espèrent passer à une par semaine ou par mois, voire, dans le meilleure des cas, une seule par an.

    Bien que cette publication dans Cell  traite spécifiquement du diabète de type 2, les auteurs n'excluent pas son utilisation chez les victimes du diabète de type 1, une maladie auto-immune dans laquelle les cellules bêta pancréatiques sont détruites et ne peuvent jouer leur rôle.

    Mais avant d'en arriver là, il reste de nombreuses phases de développement à effectuer. On ne connaît même pas le mode d'action de la bêtatrophine. Dans l'idéal, ils espèrent commencer les essais cliniquesessais cliniques d'ici trois à cinq ans. En espérant que tout fonctionne comme prévu entre temps.