Une fois sur trois, le cancer de l’oropharynx serait dû à une infection asymptomatique par le papillomavirus. Une étude vient de révéler que les personnes à risques de le déclarer présentent de forts taux d’anticorps dans le sang 12 ans avant le diagnostic…

au sommaire


    À l'échelle mondiale, un cancer de l'oropharynx sur trois serait dû à une infection - souvent ancienne et asymptomatique - à un papillomavirus humain (HPVHPV). Une étude internationale met en évidence l'intérêt d'un dépistage précoce des anticorps anti-HPV 16 dans le sang. Et pour cause, il permettrait de détecter la maladie des années avant qu'elle ne se manifeste !

    L'oropharynx est la région anatomique de la gorge qui comprend les amygdales, le voile du palais, l'arrière de la langue et de la gorge. Les facteurs de risque connus du cancer de l'oropharynx sont le tabac ou l'alcoolalcool dans le cadre d'une consommation régulière. Mais aussi une infection par un HPV, le plus souvent de type 16, déjà impliqué dans la majorité des cas de cancer du col de l’utérus. Certaines pratiques sexuelles - la fellation et le cunnilingus notamment - seraient alors en cause.

    Les cellules cancéreuses peuvent apparaître bien des années après une infection virale. Le HPV est connu pour être à l'origine des cancers du col de l'utérus et dans certains cas de cancers de la gorge. © Anne Weston, Wellcome Images, Flickr, cc by nc nd 2.0

    Les cellules cancéreuses peuvent apparaître bien des années après une infection virale. Le HPV est connu pour être à l'origine des cancers du col de l'utérus et dans certains cas de cancers de la gorge. © Anne Weston, Wellcome Images, Flickr, cc by nc nd 2.0

    Des anticorps qui signalent le cancer 12 ans avant

    D'après une étude publiée dans le Journal of Clinical Oncology par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) de l'OMSOMS à Lyon, la présence d'anticorps anti-HPV 16 dans la circulation sanguine serait liée à un risque élevé de développer un cancer de l'oropharynx.

    Ce travail est issu de l'étude prospective européenne sur le cancer et la nutrition (Epic) qui se déroule en continu depuis le début des années 1990. Il s'agit d'un travail mené auprès de 500.000 Européens dans dix pays. Au total, 137 participants ont développé un cancer de l'oropharynx. Un tiers d'entre eux présentaient des anticorps anti-HPV 16 E6 dans le sang... 12 ans avant le diagnosticdiagnostic de la maladie !

    « Dans un contexte où le nombre de cas de cancer de ce type augmente, ce constat est très important », déclare Christopher Wild, directeur du Circ. Paul Brennan, à la tête du département génétiquegénétique du Circ, ajoute que « nous n'avions pas de marqueurs disponibles pour un dépistage précoce de cette affection. Jusqu'à ce jour, nous ignorions si ces anticorps étaient présents dans le sang avant que le cancer soit cliniquement détectable. Si ces résultats sont confirmés, des outils de dépistage pourraient ainsi être développés ».