Grande première : à Paris, un homme a reçu un cœur artificiel autonome et potentiellement définitif. Jusqu'ici, ce genre de prothèse ne pouvait servir qu'à attendre une greffe. Le modèle de Carmat, imaginé par le professeur Carpentier, imite l'organe humain et il est biocompatible. Les premières explications.

au sommaire


    La première implantation du cœur artificiel total a été réalisée ce 18 décembre à l'hôpital européen Georges-Pompidou de Paris. La société française Carmat, qui a conçu et développé ce cœur artificiel, en a fait l'annonce vendredi 20 décembre. « Cette première implantation s'est déroulée de façon satisfaisante, annonce-t-elle dans un communiqué de presse. La prothèse assurant automatiquement une circulation normale à un débitdébit physiologique. Le patient est actuellement sous surveillance en réanimation, réveillé et dialoguant avec sa famille. »

    L'entreprise Carmat travaille depuis de nombreuses années sur ce cœur artificiel développé sous la responsabilité du professeur Alain Carpentier, qui a reçu en 1998 le Grand Prix de la Fondation pour la Recherche Médicale pour l'ensemble de ses recherches sur la chirurgie cardiaque. L'entreprise a trois partenaires : l'industriel de l'aéronautique et de l'astronautiqueastronautique EADSEADS, qui apporte l'expertise pour les technologies et les matériaux, le fonds d'investissement Truffle Capital et Oseo, entreprise publique de financement des PME. Il y a quelques mois, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) donnait son feufeu vert pour l'implantation de cet organe artificiel chez des patients humains. 

    Schéma d'un prototype de Carmat. Le cœur artificiel est plus lourd que son homologue naturel mais de forme semblable et il travaille de la même manière. Des capteurs et un circuit électronique permettent d'adapter le fonctionnement aux besoins du patient. © Carmat

    Schéma d'un prototype de Carmat. Le cœur artificiel est plus lourd que son homologue naturel mais de forme semblable et il travaille de la même manière. Des capteurs et un circuit électronique permettent d'adapter le fonctionnement aux besoins du patient. © Carmat

    Une première à confirmer

    « Nous nous réjouissons de cette première implantation, mais il serait bien entendu prématuré de tirer des conclusions, car il s'agit d'une seule implantation et d'un délai post-chirurgical encore très court », a précisé Marcello Conviti, directeur général de Carmat.

    Rappelons qu'une telle implantation est destinée aux insuffisants cardiaques terminaux, dont l'espérance de vie est inférieure à un an. Comme le précisait en mai dernier le professeur Daniel Duveau (hôpital Laënnec-Nord - CHU de Nantes), impliqué dans ce projet, il s'agit d'un cœur artificiel « total », c'est-à-dire qu'il comporte deux ventricules. « Ses parois sont recouvertes non pas de siliconesilicone ou de caoutchouccaoutchouc mais de tissus biocompatibles avec le sang, explique Carmat. Il se veut également physiologique. Autrement dit, il vise à s'adapter à la situation de l'individu. Lorsque celui-ci exercera une activité physiquephysique par exemple, le rythme accélérera. Et diminuera au repos ».