En plongeant des cellules souches prélevées chez des patients âgés dans une sorte de fontaine de jouvence, les chercheurs ont donné naissance à des lignées de cellules cardiaques ayant recouvré une élasticité et une fonctionnalité dignes de leur prime jeunesse. Est-ce une nouvelle étape menant vers un allongement conséquent de la durée de vie ?

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    Nous avons l'âge de nos artères... et de nos autres organes. Avec le temps qui passe, ceux-ci perdent en efficacité et se fragilisent. En leur redonnant toute leur fonctionnalité lorsqu'ils commencent à défaillir, on pourrait peut-être augmenter notre espérance de vie.

    La greffe se présente comme la solution idéale. Mais tous ses aspects sont loin d'être parfaitement maîtrisés. Lorsqu'un donneur cède ses cellules, il existe un risque d'incompatibilité chez le receveur aboutissant à un rejet du greffon. Pour éviter ce risque, les scientifiques ont eu l'idée de pratiquer des autogreffes, c'est-à-dire transplanter du tissu conçu à partir des propres cellules du patient.

    Mais là encore, la technique n'est pas toujours au point. Les essais cliniques menés auprès de personnes âgées révèlent que la méthode fonctionne mal chez elles, du fait de l'âge avancé de leurs cellules. Celles-ci, une fois transformées et réimplantées, ne retrouvent pas leur efficacité passée. L'idée serait donc de les rajeunir. Mais comment ?

    Des cellules souches inversent leur horloge cellulaire

    Des chercheurs canadiens de l'université de Toronto viennent d'emprunter une piste prometteuse. En récoltant des cellules de personnes de 75 ans et en les plongeant dans un milieu de culture riche en facteurs de croissance, ils sont parvenus à inverser l'horlogerie cellulaire et à aboutir à des cellules cardiaques plus jeunes car plus souples et plus actives.

    À terme, si cette voie de recherche fait ses preuves, l'idée serait de réparer des régions du cœur endommagées voire, dans un avenir plus lointain, reconstituer entièrement l'organe rajeuni in vitro. © Inserm

    À terme, si cette voie de recherche fait ses preuves, l'idée serait de réparer des régions du cœur endommagées voire, dans un avenir plus lointain, reconstituer entièrement l'organe rajeuni in vitro. © Inserm

    Comme les auteurs l'expliquent dans le Journal of the American College of Cardiology, ils ont récolté des cellules chez quatre personnes âgées d'une cinquantaine d'années puis chez quatre autres individus ayant dépassé les 70 ans, de manière à comparer les données.

    Ces cellules souches sont placées dans un échafaudageéchafaudage de collagène baignant ou non dans un microenvironnement riche en moléculesmolécules appelées cytokines, favorisant la mise en place de vaisseaux sanguins et la multiplication cellulaire.

    Retrouver le cœur de ses 20 ans

    Si les cellules les plus âgées croissent moins vite que les plus jeunes, les scientifiques ont toutefois remarqué la régulation du gènegène p16, que l'on sait impliqué dans le vieillissement cellulaire. Ces cellules parviendraient à revenir en arrière.

    Injectées chez des rats, elles démontrent un renforcement de la fonction cardiaque avec une élasticitéélasticité retrouvée, signe d'un rajeunissement. Certes, elles n'ont pas rattrapé leur retard sur les cellules les moins âgées, mais c'est une première étape vraiment encourageante.

    Milica Radisic et ses collègues comptent maintenant poursuivre dans ce sens afin de créer le microenvironnement le plus adapté possible pour rajeunir davantage encore les cellules âgées. En les faisant baigner dans cette sorte de fontaine de jouvence cellulaire, ils espèrent aboutir un jour à des autogreffesautogreffes de tissu cardiaque vraiment efficaces chez des séniors. Peu importe l'âge du malade, il retrouverait alors le cœur de ses 20 ans...