La maladie de Menière reste bien mystérieuse. Depuis 1861 et sa première description, on en ignore encore les causes précises. Aucune des différentes théories avancées ne satisfait pleinement la communauté des spécialistes. À moins que la nouvelle hypothèse émise par deux chercheurs états-uniens ne mette tout le monde d’accord.


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    La maladie de Menière concerne l'oreille interne, ici représentée avac ses différents composants. On peut reconnaître la cochlée (1), le saccule et l'utricule (2 et 3), ainsi que les ampoules des canaux postérieur, externe et supérieur (4, 5 et 6), le canal endolymphatique étant représenté en 7. La maladie serait la résultante de deux processus complémentaires : une malformation intrinsèque conjuguée à des troubles cardiovasculaires, à en croire une nouvelle hypothèse. © Didier Descouens, Wikipédia, cc by sa 3.0

    La maladie de Menière concerne l'oreille interne, ici représentée avac ses différents composants. On peut reconnaître la cochlée (1), le saccule et l'utricule (2 et 3), ainsi que les ampoules des canaux postérieur, externe et supérieur (4, 5 et 6), le canal endolymphatique étant représenté en 7. La maladie serait la résultante de deux processus complémentaires : une malformation intrinsèque conjuguée à des troubles cardiovasculaires, à en croire une nouvelle hypothèse. © Didier Descouens, Wikipédia, cc by sa 3.0

    Commençons par un peu d'histoire. En 1861, Prosper Menière fait l'exposé d'une maladie de l'oreille interne causant vertiges, acouphènes et pertes auditives. Plus clairement identifié, ce trouble porteporte ensuite son nom. En 1927, on décrit le labyrinthe de l'oreille interne et sa circulation. En 1938, des scientifiques découvrent que les patients concernés présentent une accumulation anormale de l'endolymphe, liquideliquide baignant l'oreille interne : on parle d'hydrops endolymphatique. En 2013, après 75 ans de recherche, on ignore encore quelle est la cause exacte de cette affection, les différentes hypothèses promulguées ne pouvant tout expliquer à elles seules.

    Mais peut-être que Carol Foster et Robert Breeze, tous deux affiliésaffiliés à la faculté de médecine de l'université du Colorado, vont apporter une réponse qui satisfera tout le monde. Dans la revue Medical Hypotheses, les deux scientifiques mettent en cause la conjonctionconjonction d'une malformationmalformation de l'oreille interne et de troubles cardiovasculaires, aboutissant à une diminution du flux sanguin, comme ceux qui se produisent parfois dans le cerveau et qui engendrent par exemple des migraines.

    Une mauvaise circulation mise en cause ?

    Tout commence par une accumulation anormale d'endolymphe dans l'oreille interne du fait de problèmes dans la régulation des pressionspressions, entraînant l'hydrops caractéristique. En conséquence, le sang, dans les vaisseaux comprimés, circule moins bien et alimente plus difficilement les cellules ciliéescellules ciliées et autres composants fonctionnels de l'oreille interne. Cependant, dans ce cas, le débitdébit reste suffisant pour que l'individu ne ressente aucun symptôme, une situation que les spécialistes rencontrent chez des patients jeunes sans problème cardiovasculaire.

    Les vaisseaux sanguins sont parfois obstrués par des caillots, plus ou moins perméables. Lorsque le débit sanguin diminue trop, les organes ne sont plus irrigués et se mettent à fonctionner anormalement. C'est ce qui pourrait se produire temporairement au niveau de l'oreille interne dans la maladie de Menière. © Anne Weston, Wellcome Images, cc by nc nd 2.0
    Les vaisseaux sanguins sont parfois obstrués par des caillots, plus ou moins perméables. Lorsque le débit sanguin diminue trop, les organes ne sont plus irrigués et se mettent à fonctionner anormalement. C'est ce qui pourrait se produire temporairement au niveau de l'oreille interne dans la maladie de Menière. © Anne Weston, Wellcome Images, cc by nc nd 2.0

    Mais chez les sujets concernés et touchés par des troubles de la circulation (migraine, apnées du sommeilapnées du sommeil, athérosclérose, tabagisme, etc. comptent parmi les facteurs de risquesfacteurs de risques), le flux sanguin peut encore diminuer, et provoquer l'équivalent d'accidents ischémiques transitoiresaccidents ischémiques transitoires (AIT) au niveau des tissus de l'oreille interne. En d'autres termes, pendant un certain laps de temps, la circulation à ce niveau de l'organisme est bloquée, les différents composants font face à un état de famine, ne fonctionnent plus correctement et n'assurent donc plus leur fonction. Le cerveau perd le contact. En découlent vertiges (puisque le centre de l'équilibre réside dans l'oreille interne), acouphènes et pertes auditives.

    Puis le sang parvient de nouveau à se frayer un chemin. Mais les symptômes ne disparaissent pas aussitôt pour autant. Le phénomène de reperfusion s'accompagne d'une inflammation du tissu et de dommages oxydatifs à cause du stressstress subi : des lésions peuvent apparaître. Voilà, selon les auteurs, pourquoi il faut parfois plusieurs heures avant que l'oreille interne ne retrouve son fonctionnement normal.

    Nouvelle conception de la maladie de Menière ?

    Puisque le manque d'approvisionnement en sang ne dure pas longtemps, la plupart des cellules survivent. D'autres, en revanche, risquent d'être irrémédiablement touchées, et ne peuvent être remplacées. La succession des attaques peut donc aboutir à une surdité définitive de l'oreille concernée, constatée chez une partie des patients.

    Cette hypothèse demande désormais à être confirmée ou invalidée. Dans ce premier cas de figure, elle permettrait de réenvisager les traitements les plus appropriés pour mieux la soigner. Dans la seconde éventualité, les scientifiques devront se remettre au travail.