Existerait-il un lien entre la taille de la poitrine et le risque de développer un cancer du sein ? C’est ce que suggère une étude parue fin juin montrant que trois gènes impliqués dans les tumeurs mammaires sont retrouvés chez les femmes aux plus fortes poitrines. Des résultats à prendre avec des pincettes…

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    Il existe des prédispositions génétiques au cancer du sein, expliquant aussi pourquoi la maladie se retrouve fréquemment chez des femmes d’une même famille. Le problème vient-il vraiment des gènes responsables de la taille de la poitrine, comme le suggère cette étude ? © Dr David Becker/Wellcome Images/Flickr, cc by nc nd 2.0

    Il existe des prédispositions génétiques au cancer du sein, expliquant aussi pourquoi la maladie se retrouve fréquemment chez des femmes d’une même famille. Le problème vient-il vraiment des gènes responsables de la taille de la poitrine, comme le suggère cette étude ? © Dr David Becker/Wellcome Images/Flickr, cc by nc nd 2.0

    Voilà qui réconfortera peut-être un peu les femmes complexées par leur poitrine qu'elles jugent pas assez volumineuse. Selon une étude parue dans BMC Medical Genetics, les gros seins seraient plus enclins à déclarer un cancer, les gènes favorisant le développement des tumeurs étant parfois liés à la croissance mammaire. 

    Derrière ce travail, la firme 23andMe, spécialisée dans la génétique et les tests ADN pour particuliers, proposant de détecter à partir d'un test de salive les marqueurs génétiques associés à certaines maladies. L'entreprise est sortie de son cadre habituel de travail en récoltant les témoignages de 16.175 femmes volontaires, toutes d'ascendance européenne, sur le bonnet de leurs soutien-gorges, le tour de buste (mesuré juste en dessous des seins), ainsi que d'autres paramètres comme l'âge, le nombre de grossesses, l'allaitement ou le recours à des opérations mammaires. En parallèle, le génomegénome de chacune de ces femmes a été récupéré et analysé.

    Des gènes qui font grossir les seins… et les tumeurs mammaires

    Les scientifiques ont constaté sept régions de l'ADNADN avec un polymorphisme nucléotidique, c'est-à-dire avec la substitution d'une base par une autre, liées à la taille de la poitrine. Trois d'entre elles se retrouvent dans des zones fortement impliquées dans le cancer du seincancer du sein. Par exemple, l'une de ces mutations est connue pour réguler l'expression des récepteurs aux œstrogènesœstrogènes, hormonehormone dont on connaît la prépondérance dans le déclenchement de nombreuses tumeurs mammaires. Une deuxième se retrouve dans une région du génome montrant des anormalités dans certains sous-types de ce cancer.

    Le cancer du sein est le plus fréquent chez la femme. Il a déjà été associé à la densité des différents tissus mammaires. Plus celle-ci est élevée et plus les risques de déclarer un cancer augmentent. © Baptigrou/Flickr, cc by nc sa 2.0

    Le cancer du sein est le plus fréquent chez la femme. Il a déjà été associé à la densité des différents tissus mammaires. Plus celle-ci est élevée et plus les risques de déclarer un cancer augmentent. © Baptigrou/Flickr, cc by nc sa 2.0

    Il faut malgré tout rester prudent quant à l'interprétation de ces données. Cette étude ne fournit pas à elle seule la preuve d'un lien entre taille de la poitrine et cancer du sein mais pointe seulement du doigt des paramètres qui pourraient être corrélés. D'autres travaux sont indispensables pour confirmer (ou infirmer) cette relation.

    Les petits seins également touchés par les cancers

    S'il faut donc se garder de conclusions trop hâtives, une telle association pourrait ne pas être si farfelue. De manière assez mathématique, plus les seins sont volumineux, plus il faut de cellules pour les composer. La probabilité que l'une d'entre elles dégénère en cellule tumorale est donc plus élevée.

    Le lien ne semble pourtant pas si linéaire et les relations entre taille de la poitrine et cancer mammaire bien plus complexes. D'une part car la taille des seins évolue au cours de la vie d'une femme, en fonction du poids ou de certaines caractéristiques hormonales par exemple, et que d'autres facteurs facilitent l'émergenceémergence de cances, comme des perturbateurs endocriniensperturbateurs endocriniens.

    D'autre part, l'importance du facteur de risquefacteur de risque resterait à déterminer. Les femmes avec un 90C auraient-elles 1 %, 10 %, 20 % de probabilité en plus de déclarer un cancer du sein que celles avec un 85A ?

    Enfin, si les petites poitrines auraient donc un avantage sur les grosses, elles ne doivent pas pour autant se croire à l'abri des tumeurs, dont les origines sont très variées. Car comme pour beaucoup d'autres aspects, ce n'est pas seulement la taille qui compte.