De nouvelles recommandations à destination des professionnels de santé soulignent le danger que représente l’incontournable blouse blanche. Pour éviter la transmission d’infections, nettoyages et changements fréquents s’imposent !

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    La blouse blanche symbolise souvent aux yeuxyeux des patients la compétence de leur médecin. Mais ce vêtement peut aussi transporter des micro-organismes, causes de maladies nosocomiales.

    Les faits : de nouvelles recommandations qui visent les blouses blanches

    Les infections nosocomiales, c'est-à-dire celles qui se développent au sein même des établissements de soins, représentent un véritable problème de santé publique. Pour éviter la transmission de ces maladies, certains vêtements des professionnels de santé, comme la traditionnelle blouse blanche, pourraient être remisés au placardplacard.

    En effet, les blouses, comme les cravates ou les montres, peuvent être contaminées et transporter des germesgermes d'un patient à un autre. C'est l'avis de Mark Rupp de l'université du Nebraska, un des auteurs des nouvelles recommandations émises par la Society for Healthcare Epidemiology of America (SHEA) dans l'édition de février de la revue Infection Control and Hospital Epidemiology.

    « Nous ne savons pas si les blouses blanches et les cravates jouent un rôle réel dans la transmission des infections. En attendant que de meilleures données soient disponibles, les hôpitaux et les cabinets médicaux devraient d'abord se concentrer sur les moyens bien connus pour prévenir la transmission des infections -- comme l'hygiène des mains, le nettoyage de l'environnement et l'attention portée lors de l'insertion et des soins liés aux instruments invasifsinvasifs, comme les cathéters. » Mais les mentalités doivent évoluer, car « le public aussi bien que le personnel de santé considèrent la blouse blanche comme un symbole de professionnalisme et de compétence ».

    Le repassage élimine des bactéries. De quoi inciter médecins et infirmiers à manier le fer plus souvent… © Colin, Wikimedia Commons, cc by sa 3.0

    Le repassage élimine des bactéries. De quoi inciter médecins et infirmiers à manier le fer plus souvent… © Colin, Wikimedia Commons, cc by sa 3.0

    Décryptage : de plus en plus de pathogènes qui s’accrochent au vêtement

    Les auteurs ont recherché des articles donnant des preuves de la contribution de ces vêtements à la contamination. Ils ont ainsi trouvé cinq études montrant que les blouses blanches des médecins et les uniformes des infirmiersinfirmiers pouvaient servir de sources potentielles de contamination. Des études ont décrit la contamination des vêtements avec Staphylococcus aureusStaphylococcus aureus. Des pathogènes comme Acinetobacter, des entérobactéries et des PseudomonasPseudomonas ont aussi été relevés.

    Certains facteurs influencent le degré de contamination des blouses blanches et des uniformes, comme la fréquence d’utilisation. La charge de pathogènes résistants sur le vêtement était de plus en plus importante si l'utilisateur changeait peu sa blouse. Et un vêtement propre pouvait être contaminé en quelques heures seulement !

    De plus, si les médecins lavaient leur blouse chez eux, cela pouvait représenter un risque : lors du lavage en machine à la maison, les vêtements perdaient leur charge de S. aureus, mais héritaient en même temps d'autres bactériesbactéries, des bacillesbacilles Gram négatifs. Ces micro-organismesmicro-organismes pouvaient être éliminés par le sèche-linge ou le repassage.

    No panic : des solutions pour limiter la transmission des infections

    Ces recommandations donnent des conseils pour limiter la transmission des micro-organismes, comme ne rien porter sous les coudes, avoir des manches courtes, pas de montre ni de bijoux, etc. Elles suggèrent aussi que les professionnels de santé aient toujours au moins deux blouses blanches disponibles, et bien sûr qu'elles soient fréquemment lavées.

    Enfin, pour savoir si les mentalités étaient prêtes à un changement vestimentaire des médecins, les auteurs ont parcouru la littérature scientifique pour connaître la perception des patients. Dans dix études sur les vêtements, les patients préféraient que leur médecin porteporte une blouse blanche. Mais cinq études portant sur la satisfaction des patients et leur confiance dans leur médecin montraient peu de variations en fonction de l'habillement. Aussi, les professionnels de santé ne doivent pas craindre d'abandonner la blouse blanche, par exemple pour des tenues de chirurgiechirurgie étudiées pour limiter les contaminations. Quel que soit le vêtement, les patients ont juste besoin de pouvoir les identifier !